Vous avez dit nanos ?
(intro, définitions, mesures, etc.)
Produits et domaines d'application (alimentation, cosmétiques, textiles, BTP, médicaments, ...)
Réglementations (étiquetage, déclaration par les entreprises, registres nationaux, etc.)
Risques (toxicité, recherches, incertitudes, etc.) et préoccupations nano :
Notre ligne éditoriale
Espace réservé
(intro, définitions, mesures, etc.)
Produits et domaines d'application (alimentation, cosmétiques, textiles, BTP, médicaments, ...)
Réglementations (étiquetage, déclaration par les entreprises, registres nationaux, etc.)
Risques (toxicité, recherches, incertitudes, etc.) et préoccupations nano :
Notre ligne éditoriale
Espace réservé
Enquête(s) en cours : quelles nanos dans les matelas Bultex Nano ? Et quel sort fait aux nanos dans le label OEKO-TEX® ?
Enquête(s) en cours : quelles nanos dans les matelas Bultex Nano ? Et quel sort fait aux nanos dans le label OEKO-TEX® ?
par DL, MD et l'équipe Avicenn, le 22 mai 2015La compagne de publicité Bultex Nano lancée par le fabricant de matelas en 2014 a conduit plusieurs personnes à nous demander si les matelas "Bultex Nano" contiennent des nanomatériaux et, si oui, quels types de nanomatériaux.
Vous trouverez ci-dessous les éléments que nous avons collectés. Cette fiche a vocation à être complétée et mise à jour avec l'aide des adhérents et veilleurs de l'Avicenn. Vous pouvez vous aussi contribuer à l'améliorer en nous envoyant vos remarques à l'adresse redaction(at)veillenanos.fr.
A priori, selon le site du fabricant, il ne s'agit pas de nanoparticules, mais d'une structuration interne du matelas sous forme d'alvéoles de taille nanométrique :

Les informations disponibles sur le site, peu précises, laissent à penser qu'il s'agit de mousses particulières utilisant des polymères nouveaux, légers et qui ne se tassent pas trop.
S'il ne semble pas y avoir lieu de s'alarmer quant à de potentiels risques pour les clients, la question de précaution peut être posée pour les transformateurs susceptibles d'inhaler des poussières lors de la fabrication et de la découpe de mousses : cf. http://www.atiscuir.com/pages/decoupe_de_mousse_sur_mesurepag.html.
La question du cycle de vie du produit se pose également : les matelas sont présentés comme étant "plus durables"... mais de 7% seulement. Comment vieillissent ces mousses, nano ou pas ? Au bout de combien de temps le matelas se déteriore-t-il en poussière jaunie ?
Quant à l'antibactérien utilisé, rien n'est dit non plus sur sa composition. Nous avons posté une question demandant la nature de l'antibactérien via le formulaire de contact il y a plusieurs mois, sans retour à ce jour.
Nous avons exploré la certification OEKO-TEX®. Il y a 2 questions sur la présence de nanoparticules et leur relargage en cours de lavage dans le formulaire de demande de cette certification, mais on ignore si cela constitue un motif de refus de certification ou non. Est-ce que si le fabricant déclare la présence de nanomatériaux mais affirme qu'ils sont intégrés dans une matrice qui est censée empêcher leur relargage, la certification est accordée ?
Divers tests sont demandés, mais ne portent pas explicitement sur la taille ou les propriétés / la toxicité spécifiques de l'échelle "nano".
Les critères de contrôles ne mentionnent pas la taille nano, et disent simplement "si c'est légal ou non interdit légalement".
En attendant d'en savoir plus, les conseils de grand-mère restent d'actualité pour une bonne hygiène de la chambre à coucher et lutter contre les acariens :
- éviter de chauffer les chambres à coucher à plus de 18°C
- aérer la chambre tous les jours pendant au moins quinze minutes
- aspirer le matelas une fois par mois
- retourner le matelas tous les 6 mois au moment du changement de saison
- étendre couettes et oreillers dehors / au soleil quand il fait beau et sec
- laver couettes, oreillers et couvertures une fois par an
- éliminer tapis et moquette
Vous avez mené une enquête de votre côté et obtenu des informations que vous pouvez partager avec nous ? Merci de nous écrire à redaction(at)veillenanos.fr.
Nano et textiles

Nano et textiles
Par l'équipe Avicenn - Dernière modification septembre 2021Cette fiche a vocation à être complétée et mise à jour. Contribuez à l'améliorer en envoyant vos remarques à redaction(at)veillenanos.fr.
Les nanomatériaux peuvent se retrouver dans des colorants pour tissus ou dans des textiles anti-taches et/ou déperlants1, antibactériens et/ou anti-odeur2, dépolluants3, anti-UV4, réchauffants ou au contraire rafraîchissants5, anti-moustiques6 ou encore anti-feu, diffuseurs de parfum, etc.
Contrairement aux cosmétiques ou aux produits alimentaires emballés, la réglementation n'oblige pas les fabricants ou les marques textiles à indiquer les substances qui entrent dans la composition des textiles ni à signaler leur échelle nanométrique par la mention [nano].
Les bilans de la déclaration obligatoire française ne font état que d'une vingtaine de déclarations de substances nanoparticulaires pour le textile en France, sans que le registre R-nano ne permette d'identifier les produits concernés.
Mais sur le net, le discours vantant les mérites de textiles nano-additivés fait florès...
Dans le domaine des textiles comme dans les autres, il est difficile de distinguer aujourd'hui les "promesses" encore à l'état de recherche & développement des applications nano réellement commercialisées. En 2018, Avicenn avait néanmoins repéré l'entreprise américaine Nanotex, qui approvisionne plus de 100 marques dans le domaine de l'habillement, de la décoration intérieure et du linge de maison, dont Calvin Klein, GAP, Hermès, Intersport, Nike, O'Neill, etc.
Et il est encore trop rare de voir de réelles approches bénéfices / risques7... Des applications antimicrobiennes dans le milieu médical8 par exemple peuvent être justifiées (sous réserve d'avoir fait preuve de leur efficacité en conditions réelles et de faire l'objet d'une gestion adéquate de la gestion des déchets notamment) ; mais quid dans les textiles grand public ?
Beaucoup de vêtements de sport seraient traités au nanoargent. En 2018, Svenskt Vattens, le syndicat suédois des eaux et des eaux usées a alerté sur l'argent antibactérien et anti-odeur provenant de textiles de sport9 : c'est la plus grande source connue d'argent dans les stations de traitement de l'eau, une menace pour nos lacs et nos mers, ainsi qu'un risque de propagation de la résistance aux antimicrobiens. Les marques et distributeurs sont invités à cesser de vendre des vêtements traités à l'argent pour protéger l'eau (Adidas a été pointé comme le plus mauvais élève).
Plus récemment, en juin 2020, la marque italienne Erreà Sport a annoncé que son maillot porté par le club Parma Calcio 1913 contiendra des nanoparticules d’oxyde de zinc ("encapsulées de manière permanente dans les fibres"), exerçant une fonction antibactérienne10. En juillet Avicenn a demandé à Oeko-Tex s'il avait bien certifié ces T-shirts et quelle politique cet organisme avait mise en place concernant les nanoparticules / nanomatériaux.
Une question récurrente sur les forums féminins et réseaux sociaux : les culottes menstruelles contiennent-elles des nanoparticules d'argent ? Là encore, difficile de le savoir11. En avril 2019, l'ONG Women's Voices for the Earth s'inquiète de l’utilisation de nanoargent dans les serviettes et sous-vêtements menstruels, du fait des risques pour la santé ET pour l'environnement.
Il est possible qu'à l'instar des produits alimentaires ou cosmétiques, certaines marques jouent au contraire la carte du "sans nano", comme certaines culottes menstruelles12.
En mars 2020 aux Etats-Unis, plusieurs associations se sont mobilisées contre l'autorisation par l'agence de protection de l'environnement américaine (EPA) d'un produit à base de nano-argent destiné à être appliqué sur des textiles, au vu des risques sanitaires et environnementaux qu'il serait susceptible d'entraîner. En savoir plus ici.
En 2020, Avicenn a fait tester les rideaux "purificateurs d'air" d'IKEA qui se sont révélés couverts de nanoparticules de dioxyde de titane... et qui ont été depuis retirés du marché (IKEA s'est rendu compte qu'ils n'étaient pas aussi dépolluants que prévu !).
Un contre-exemple à méditer... tant le champ des textiles "intelligents" semble parier sur les nanomatériaux13 - pour quels effets réels (bénéfiques... ou négatifs) ?
Des chercheurs américains travailleraient sur des fibres composées de nanomatériaux pour permettre de recharger les smartphones grâce à la chaleur du corps humain14...
En savoir plus
En français :
- Actualités nano de la filière textile https://www.modeintextile.fr/?s=nano
- Des fibres tissées de nanotubes transforment la chaleur en électricité, Enerzine, 30 août 2021
- L'armée américaine développe une fibre textile capable de transmettre les données physiologiques des soldats, Business Insider, 22 juin 2021
- Aérer, se méfier des produits ménagers… Sept conseils pour un air intérieur sain, Le Monde, 4 avril 2021
- Un nanomatériau efficace contre les agents chimiques les plus toxiques, Mode in Textile, 10 janvier 2020
- Les «vêtements intelligents» donnent du fil à retordre à l’industrie textile, Le Soir, 24 janvier 2018
- Les nanotechnologies : l'exemple du textile, interventions de Serge Palacin et Martine Mayne du département Nanosciences et Innovation pour les Matériaux, la Biomédecine et l’Énergie au CEA de Saclay, Saint-Quentin en Yvelines, 4 février 2017
- Les nanoparticules dans les textiles à effet lotus, janvier 2017
- Nanotechnologies et réalités industrielles - L'exemple de la filière textile, Eric Devaux (ENSAIT), Nanoscoope, octobre 2016
- Vêtements anti-odeur, chauffants, hydratants… Que cachent-ils ?, 60 millions de consommateurs, juin 2016
- Quel sort fait aux nanos dans le label OEKO-TEX® ?, veillenanos.fr, 22 mai 2015
- Le point sur l’usage des nanoparticules dans les textiles : entretien avec Alain Orange, journaliste d'ABE, RTS, janvier 2014 (vidéo)
- Les nanomatériaux et leur utilisation dans les textiles - Normes Normalisation interne pour les fabricants et les importateurs canadiens et développements internationaux en matière de normalisation, Brian Haydon, P. Eng., Gestionnaire principal de projet, Groupe CSA, 2012
- Nanotechnologies dans le textile, Techniques de l'ingénieur, juin 2011
- Les textiles s'enrichissent de produits biologiques ou de nanoparticules, Fashion network, octobre 2007
- Les textiles fonctionnels: l’avenir est dans les nanoparticules, Empa, juillet 2003
En anglais :
- Un portail sur l'innovation dans les textiles, comprenant des articles sur les promesses et risques des nanoparticules ou nanomatériaux : http://innovationintextiles.com
- Graphene-Enabled Adaptive Infrared Textiles, M. Said Ergoktas et al., Nano Letters, 18 juin 2020
- Self-Cleaning Clothing- What Role do Nanoparticles Play?, Codex international, 23 février 2020
- Nano in Action: Nanomaterials in the Textile Sector, Matthew Tipper, Non-wovens Innovation & Research Institute Ltd (NIRI) & Gregor Schneider, RAS Materials, webinar, Nanotechnology Industries Association (NIA), vidéo, novembre 2018
- Quantitative characterization of TiO2 nanoparticle release from textiles by conventional and single particle ICP-MS, Mackevica A et al., Journal of Nanoparticle Research, 20:6, janvier 2018
NOTES et REFERENCES
1 - Voir par exemple :
- Le revêtement NanoSphere® de la société suisse Schoeller
- UCF Researchers Create Water-repellent Nanomaterial Inspired by Nature, University of Central Florida, septembre 2021
- Water repellent finishing on eri silk fabric using nano silica, The Journal of The Textile Institute, 111 (5) : 701-708, 2020
- APA Intemporal : quand les nanotechnologies s'invitent dans la mode belge, La Libre Belgique, 9 mai 2019
- Let it rain! New coatings make natural fabrics waterproof, MIT News, juin 2018
2 - Voir par exemple :
- Pharma Calcio descend dans l'arène avec le nouveau tissu antibactérien Ti-energy pour mieux protéger ses athlètes, Erreà, 25 juin 2020 : "Le club Parma Calcio 1913 portera le maillot à la croix réalisé dans un nouveau tissu spécial haute-technologie mis au point par Erreà Sport pour faire barrière aux microbes et aux bactéries. (...) la présence de nanoparticules d’oxyde de zinc (encapsulées de manière permanente dans les fibres), exerçant une fonction antibactérienne (...)".
- Non-polluants, super-résistants, intelligents : à quoi ressembleront vraiment les vêtements du futur ?, Sciences & Avenir, janvier 2020 : "certaines fibres sont travaillées avec des nanomatériaux pour devenir antibactériennes, et donc être lavées moins souvent. Si les nanoparticules d'or et d'argent ou encore l'oxyde de graphène, intégrés à des fibres classiques, ont prouvé leur efficacité en la matière, leur impact sanitaire et environnemental comme leur coût élevé n'en font pas des solutions viables. Les nanomatériaux à base de polymères, moins chers et plus verts, ont également des vertus antibactériennes, mais sur un temps limité, en raison de leur fâcheuse tendance à emprisonner les bactéries dans la fibre avec le temps. Ainsi, des chercheurs du College of Textiles et de l'Institut du textile de l'Université Donghua ont cherché – et peut-être fini par trouver –, la "bonne recette" d'un textile antibactérien : les nanogels durables à base de guanidine. Greffés dans du coton ou d'autres fibres naturelles, ces derniers ont la capacité de perturber la membrane cellulaire bactérienne tout en restant efficaces après une cinquantaine de lavages."
- Tweet de Umbro France, avril 2019 : "En 2004, Umbro introduit la technologie X-STATIC dans plusieurs kits, notamment dans le maillot anglais de l'Euro 2004, une première. Des nanoparticules d'argent sont fixées à la surface de la fibre textile, ce qui inhibe les bactéries et les odeurs corporelles"
- Des tissus qui s'auto-nettoient grâce aux nanoparticules pourraient marquer la fin des lessives, Sciences & Avenir, mars 2016
3 - Voir par exemple :
- IS FRESH - Le tissu autonettoyant pour une purification permanente, Société Trajet-Aunde (France) : "C'est un nouveau représentant de la nanotechnologie pour l'hygiène et la santé" (consulté en mai 2020)
- Non-polluants, super-résistants, intelligents : à quoi ressembleront vraiment les vêtements du futur ?, Sciences & Avenir, janvier 2020
- Depuis mars 2019, Avicenn cherche à savoir si les rideaux purificateurs d'air d'IKEA contiennent ou pas des nanoparticules de dioxyde de titane.
4 - En 2017, la marque italienne Castelli a également remplacé les habituels maillots et cuissards noirs de l’équipe Sky de Grande-Bretagne par une version blanche avec dioxyde de titane intégré afin de renforcer la protection solaire (sous forme de nano-fil tissé dans le polyester des shorts et des cuissards et également sous forme de teinture pour faire office de seconde couche de protection contre le soleil) avant d'étendre l'utilisation de dioxyde de titane aux tenues amateurs, comme les cuissards Inferno et les maillots Climber’s 2.0. Source : Comment le dioxyde de titane protège les cyclistes du soleil, TDMA, mars 2018
5 - Voir par exemple :
- Ce textile réfléchit la lumière pour climatiser votre peau, Korii, 19 juillet 2021 et New ‘mirror’ fabric can cool wearers by nearly 5°C, ScienceMag, 8 juillet 2021 (article grand public) et Hierarchical-morphology metafabric for scalable passive daytime radiative cooling, Zeng S et al., Science, 2021 (article scientifique)
- A high-tech textile to stay comfortable outdoors, American Chemical Society, 5 mai 2021 : researchers "made a layered fabric made of porous fibrous polymers. To trap warmth in the cold, they coated the heating side in zinc and copper nanoparticles to absorb solar energy and keep in thermal radiation from the body".
- Flexible material shows potential for use in fabrics to heat, cool, Laura Oleniacz, Phys.org, 2 juillet 2020
- Revêtement textile à base de nanomatériaux pour textiles rafraîchissants, Mode in Textiles, 28 avril 2020
- Des vêtements imprimés en 3D qui peuvent vous rafraichir, Siècle digital, 15 novembre 2017
6 - Voir notamment Investigation and Mathematical Analysis of Avant-garde Disease Control via Mosquito Nano-Tech-Repellents, COST, 11 juillet 2017
7 - Quelques exceptions :
- Health and safety concerns of textiles with nanomaterials, Almeida L & Ramos D, IOP Conf. Ser.: Mater. Sci. Eng., 254 : 102002, 2017
- ECOTEXNANO : "Safe use of nanomaterials in the textile finishing industry" (2013-2016), projet européen
8 - Voir par exemple :
- Hôpital : incorporer des petites particules de cuivre dans les blouses des médecins pour réduire la propagation des infections, Pourquoi docteur ?, 17 février 2018
- Les dispositifs médicaux textiles imprégnés de principes actifs, Note de veille, avril 2012
9 - Cf. Adidas continues to sell clothing treated with toxic silver despite the risk to aquatic environments, Svenskt Vattens, 17 décembre 2018.
10 - Cf. Pharma Calcio descend dans l'arène avec le nouveau tissu antibactérien Ti-energy pour mieux protéger ses athlètes, Erreà, 25 juin 2020 : "Le club Parma Calcio 1913 portera le maillot à la croix réalisé dans un nouveau tissu spécial haute-technologie mis au point par Erreà Sport pour faire barrière aux microbes et aux bactéries. (...) la présence de nanoparticules d’oxyde de zinc (encapsulées de manière permanente dans les fibres), exerçant une fonction antibactérienne (...)".
11 - Voir par exemple "Des nanoparticules dans nos culottes ?" in La culotte menstruelle : une vraie révolution ?, ChEEk Magazine, novembre 2017
12 - Voir par exemple :
- Une culotte périodique : 12 h de sérénité, Réjeanne : " elle est made in France, sans nano-particules d’argent et ses tissus sont certifiés Oekotex 100" (page consultée en juin 2020)
- Découvre FEMPO, la marque de culotte menstruelle française !, Madmoizelle, mai 2018 : "EMPO souligne que la culotte ne contient pas de nanoparticules d’argent ou de cuivre, contrairement à d’autres marques"
13 - Voir par exemple :
- Printed flexible electronics – one step closer to smart clothing, University of Oulu, 2020
- Non-polluants, super-résistants, intelligents : à quoi ressembleront vraiment les vêtements du futur ?, Sciences & Avenir, janvier 2020
- Smart and comfortable new nanocomposite textiles for high-tech clothing, Nanowerk (University of Bayreuth), février 2018
- Textiles innovants : l'intelligence est dans la conception, Up Magazine, juin 2013
14 - Cf. Recharger son smartphone avec ses vêtements, Sportail, 2 novembre 2020
Page initialement mise en ligne en janvier 2018
Les rideaux "purificateurs d'air" d'IKEA contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane... et ont été retirés de la vente

Les rideaux "purificateurs d'air" d'IKEA contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane... et ont été retirés de la vente
Une enquête d'AVICENN
Cette page a vocation à être complétée et mise à jour. Vous pouvez contribuer à l'améliorer en nous envoyant vos remarques à l'adresse redaction(at)veillenanos.fr.Par l'équipe AVICENN - dernière mise à jour décembre 2021
Sommaire :
- Février 2019 : IKEA annonce la commercialisation de rideaux "dépolluants"
- Mars 2019 : Premières tentatives d'Avicenn pour savoir si les rideaux Gunrid contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane
- ... et réactions de l'UFC Que Choisir et de France nature environnement
- Fin 2019, début 2020 : Heiq revendique être le fournisseur du produit "dépolluant" utilisé par IKEA... mais ne joue pas totalement la transparence
- En 2020, IKEA a reconnu la présence de dioxyde de titane dans les rideaux ; Avicenn a poursuivi son enquête
- En mai 2021, IKEA a retiré les rideaux de la vente
- En savoir plus
Février 2019 : IKEA annonce la commercialisation de rideaux "dépolluants
En février 2019, l'enseigne IKEA a lancé une campagne de promotion de futurs rideaux "purificateurs d'air".
Mars 2019 : Premières tentatives d'Avicenn pour savoir si les rideaux Gunrid contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane...
Dès qu'elle a pris connaissance de cette annonce, Avicenn a interrogé la célèbre enseigne suédoise :
- Ces rideaux sont-ils traités avec des nanoparticules de dioxyde de titane (pour l'effet photocatalytique affiché) ?
- Si oui, avant de commercialiser ces rideaux (et d'autres produits textiles ensuite) traités pour purifier l'air, quelle attention a été portée aux risques associés aux nanoparticules de titane ? Les précautions ont-elles été prises pour s'assurer de l'innocuité du produit tout au long de son cycle de vie ? Et de sa réelle valeur ajoutée par rapport aux préconisations simples, certes moins innovantes mais probablement plus efficientes et moins risquées (notamment limiter les émissions à la source et aérer son logement 10 minutes par jour) ?
AVICENN avait déjà repéré par le passé que certains textiles professionnels (médicaux notamment) pouvaient être traités avec des nanoparticules de dioxyde de titane. Mais une commercialisation de ce type de textiles par une enseigne comme IKEA, le changement d'échelle serait très important, avec une production et une diffusion de dimension internationale et une exposition bien plus importante des travailleurs, des consommateurs et des éco-systèmes...
Nos questions auprès du siège étaient alors restées sans réponse.
... et réactions de l'UFC Que Choisir et de France nature environnement
Fin mars, après la relance de Fabienne Maleysson, de l'UFC Que Choisir, IKEA a répondu sur son compte twitter :

Heiq revendique être le fournisseur du produit "dépolluant" utilisé par IKEA... mais ne joue pas totalement la transparence
En décembre 2019, un communiqué de la société suisse Heiq nous apprend qu'elle fournit le procédé / la substance... toujours pas précisés. Mais il s'agit bien d'un minéral et parmi les travaux du Dr Bahnemann, mentionnés à la fin du communiqué, certains portent bien sur les nanoparticules de TiO₂.
En janvier 2020, Avicenn a demandé la composition de cette gamme de produits à la société Heiq qui a apporté la réponse suivante :
Comme tous les produits HeiQ, le produit HeiQ Fresh AIR ne contient pas de matériau à l'échelle nanométrique. Il contient un photocatalyseur microscopique à base minérale qui n'est classé comme dangereux ni par la directive sur les substances dangereuses (directive UE 67/548 / CEE) ni par le règlement CLP (Classification Labeling and Packaging (CLP) plus récent) (Règlement (CE) 1272 / 2008).
Une réponse qui ne nous a pas complètement convaincus, d'autant que le TiO₂ venait d'être classé comme cancérogène suspecté pour l’homme (catégorie 2) par inhalation...En avril 2020, IKEA a reconnu la présence de dioxyde de titane dans les rideaux ; Avicenn a poursuivi son enquête
En mars 2020, faute de parvenir à obtenir une réponse du siège d'IKEA, Avicenn a sollicité l'appui de l'ONG suédoise ChemSec, qui milite pour la diminution des substances chimiques toxiques et qui a déjà travaillé avec IKEA.
Début avril 2020 ChemSec a eu confirmation par IKEA que le traitement photocatalytique appliqué sur les rideaux est bien composé de particules de dioxyde de titane (sans précision sur leur taille nanométrique ou pas à ce stade). L'enseigne a annoncé qu'elle publierait bientôt un document "questions-réponses" sur ce nouveau rideau - lequel n'est jamais paru.
En revanche, IKEA a mis les rideaux sur la première page de son catalogue 2020/2021 :

En mai 2021, IKEA a retiré les rideaux de la vente
Et voilà qu'en mai, en voulant commander une autre paire pour des tests complémentaires, nous avons découvert que les rideaux ne sont plus commercialisés. Cette fois, IKEA a répondu à notre mail : oui, les rideaux ont bien été retirés de la vente, parce qu'ils ne purifiaient pas l'air à la hauteur de ce qui était attendu.
Fin mai 2021, AVICENN a demandé (par mail) à l'enseigne si elle allait communiquer publiquement sur ce retrait et/ou avertir les consommateurs qui en avaient déjà achetés.
Le 11 juin, toujours sans réponse d'IKEA, AVICENN a cette fois envoyé une lettre plus formelle. Le magazine Que Choisir a publié un article le 16 juin, indiquant que l’enseigne IKEA n’a pas répondu non plus à leur demande.
Le 7 juillet, 60 millions de consommateurs a à son tour publié un article après avoir reçu d'IKEA la même réponse que celle que nous avions eue en mai. Et d'interroger : "que se passerait-il si, pour se protéger de la pollution, on commençait à recouvrir de TiO₂ canapés, coussins, draps, vêtements ?"
En juillet 2021, IKEA nous a répondu que des tests seraient menés pour avoir un avis tiers sur la taille des particules et sur leur potentiel relargage, en précisant que selon les informations dont ils disposaient précédemment (avant l'analyse du LNE), ils pensaient que 90% des particules de TiO2 étaient plus grosses que 100 nm.
En décembre 2021, malgré plusieurs relances, IKEA n’avait toujours pas jugé bon de nous envoyer les résultats de l'expertise ni de communiquer publiquement sur le retrait du rideau GUNRID, au motif que ce dernier, bien qu’inefficace pour dépolluer l’air (de l’aveu même d’IKEA) était "conforme aux lois et réglementations en vigueur" et pouvait "être utilisé en toute sécurité comme un rideau traditionnel".
⇒ Vos avis et analyses nous intéressent : n'hésitez pas à nous les envoyer (redaction(at)veillenanos.fr) afin que nous puissions donner à nos lecteurs le point de vue de l'ensemble des acteurs concernés.
En savoir plus
Lire aussi sur notre site :
- Les nanoparticules de dioxyde de titane
- Quels risques associés aux (nano)particules de dioxyde de titane (nano TiO₂) ?
- Nano et textiles
Ailleurs sur le web :
- WECF, Nanoparticules : alimentation, cosmétiques, textiles… point estival, 26 juillet 2021
- 60 millions de consommateurs, Et si le rideau purificateur d’air d’Ikea polluait ?, 7 juillet 2021
- Que Choisir, Nanomatériaux - Des rideaux purificateurs d’air Ikea retirés de la vente, 16 juin 2021
- Générations futures, IKEA retire de la vente ses rideaux aux nanoparticules de dioxyde de titane, 3 juin 2021
- ADEME, Epuration de l'air intérieur par photocatalyse, Avis technique, septembre 2020
- Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), "Le dioxyde de titane (TiO₂) : caractéristiques physiques" ; "Production, utilisation, transport et stockage du TiO₂ in Bilan des connaissances relatives aux effets des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂) sur la santé humaine ; caractérisation de l'exposition des populations et mesures de gestion, avril 2018 (rendu public en juin 2018)
- Ministère de la transition écologique et solidaire, Le dioxyde de titane en 10 points, mai 2018
- Anses, Épurateurs d’air intérieur : une efficacité encore à démontrer, octobre 2017 : "l’Agence souligne que les données disponibles ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d'utilisation des dispositifs d'épuration de l'air intérieur reposant sur ces technologies. Elle rappelle par ailleurs que pour réduire l'exposition aux polluants de l'air intérieur, il convient en priorité de limiter les émissions à la source, d’aérer et de ventiler les espaces intérieurs des bâtiments"
Fiche initialement créée en mars 2019