Les rideaux "purificateurs d'air" d'IKEA contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane... et ont été retirés de la vente
Les rideaux "purificateurs d'air" d'IKEA contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane... et ont été retirés de la vente
Une enquête d'AVICENN
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Par l'équipe AVICENN - dernière mise à jour décembre 2021 Sommaire :
Si oui, avant de commercialiser ces rideaux (et d'autres produits textiles ensuite) traités pour purifier l'air, quelle attention a été portée aux risques associés aux nanoparticules de titane ? Les précautions ont-elles été prises pour s'assurer de l'innocuité du produit tout au long de son cycle de vie ? Et de sa réelle valeur ajoutée par rapport aux préconisations simples, certes moins innovantes mais probablement plus efficientes et moins risquées (notamment limiter les émissions à la source et aérer son logement 10 minutes par jour) ?
AVICENN avait déjà repéré par le passé que certains textiles professionnels (médicaux notamment) pouvaient être traités avec des nanoparticules de dioxyde de titane. Mais une commercialisation de ce type de textiles par une enseigne comme IKEA, le changement d'échelle serait très important, avec une production et une diffusion de dimension internationale et une exposition bien plus importante des travailleurs, des consommateurs et des éco-systèmes...
Nos questions auprès du siège étaient alors restées sans réponse.
... et réactions de l'UFC Que Choisir et de France nature environnement
Fin mars, après la relance de Fabienne Maleysson, de l'UFC Que Choisir, IKEA a répondu sur son compte twitter :
Thibault Leroux de France Nature Environnement, réagissant sur twitter, a à sont tour interpellé IKEA : "alors que par précaution, les nanoparticules de dioxyde de titane seront suspendues dans l'alimentation, se retrouveront-elles dans nos futurs rideaux purificateurs d'air ? Une réponse qu'en 2020 sera trop tard !".
Heiq revendique être le fournisseur du produit "dépolluant" utilisé par IKEA... mais ne joue pas totalement la transparence
En décembre 2019, un communiqué de la société suisse Heiq nous apprend qu'elle fournit le procédé / la substance... toujours pas précisés. Mais il s'agit bien d'un minéral et parmi les travaux du Dr Bahnemann, mentionnés à la fin du communiqué, certains portent bien sur les nanoparticules de TiO₂.
En janvier 2020, Avicenn a demandé la composition de cette gamme de produits à la société Heiq qui a apporté la réponse suivante :
Comme tous les produits HeiQ, le produit HeiQ Fresh AIR ne contient pas de matériau à l'échelle nanométrique. Il contient un photocatalyseur microscopique à base minérale qui n'est classé comme dangereux ni par la directive sur les substances dangereuses (directive UE 67/548 / CEE) ni par le règlement CLP (Classification Labeling and Packaging (CLP) plus récent) (Règlement (CE) 1272 / 2008).
En avril 2020, IKEA a reconnu la présence de dioxyde de titane dans les rideaux ; Avicenn a poursuivi son enquête
En mars 2020, faute de parvenir à obtenir une réponse du siège d'IKEA, Avicenn a sollicité l'appui de l'ONG suédoise ChemSec, qui milite pour la diminution des substances chimiques toxiques et qui a déjà travaillé avec IKEA.
Début avril 2020 ChemSec a eu confirmation par IKEA que le traitement photocatalytique appliqué sur les rideaux est bien composé de particules de dioxyde de titane (sans précision sur leur taille nanométrique ou pas à ce stade). L'enseigne a annoncé qu'elle publierait bientôt un document "questions-réponses" sur ce nouveau rideau - lequel n'est jamais paru.
En revanche, IKEA a mis les rideaux sur la première page de son catalogue 2020/2021 :
AVICENN a voulu en avoir le cœur net et a donc fait tester le produit. En octobre 2020, le laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE) a confirmé que les rideaux étaient bien recouverts de nanoparticules de TiO2 (à 100% sous la barre des 100 nanomètres, avec une taille moyenne de 5 nm).
AVICENN a ensuite initié d'autres tests pour connaître l'efficacité dépolluante des rideaux.
En mai 2021, IKEA a retiré les rideaux de la vente
Et voilà qu'en mai, en voulant commander une autre paire pour des tests complémentaires, nous avons découvert que les rideaux ne sont plus commercialisés. Cette fois, IKEA a répondu à notre mail : oui, les rideaux ont bien été retirés de la vente, parce qu'ils ne purifiaient pas l'air à la hauteur de ce qui était attendu.
Fin mai 2021, AVICENN a demandé (par mail) à l'enseigne si elle allait communiquer publiquement sur ce retrait et/ou avertir les consommateurs qui en avaient déjà achetés.
Le 11 juin, toujours sans réponse d'IKEA, AVICENN a cette fois envoyé une lettreplus formelle.
Le magazine Que Choisir a publié un article le 16 juin, indiquant que l’enseigne IKEA n’a pas répondu non plus à leur demande.
Le 7 juillet, 60 millions de consommateurs a à son tour publié un article après avoir reçu d'IKEA la même réponse que celle que nous avions eue en mai. Et d'interroger : "que se passerait-il si, pour se protéger de la pollution, on commençait à recouvrir de TiO₂ canapés, coussins, draps, vêtements ?"
En juillet 2021, IKEA nous a répondu que des tests seraient menés pour avoir un avis tiers sur la taille des particules et sur leur potentiel relargage, en précisant que selon les informations dont ils disposaient précédemment (avant l'analyse du LNE), ils pensaient que 90% des particules de TiO2 étaient plus grosses que 100 nm.
En décembre 2021, malgré plusieurs relances, IKEA n’avait toujours pas jugé bon de nous envoyer les résultats de l'expertise ni de communiquer publiquement sur le retrait du rideau GUNRID, au motif que ce dernier, bien qu’inefficace pour dépolluer l’air (de l’aveu même d’IKEA) était "conforme aux lois et réglementations en vigueur" et pouvait "être utilisé en toute sécurité comme un rideau traditionnel".
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Anses, Épurateurs d’air intérieur : une efficacité encore à démontrer, octobre 2017 : "l’Agence souligne que les données disponibles ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d'utilisation des dispositifs d'épuration de l'air intérieur reposant sur ces technologies. Elle rappelle par ailleurs que pour réduire l'exposition aux polluants de l'air intérieur, il convient en priorité de limiter les émissions à la source, d’aérer et de ventiler les espaces intérieurs des bâtiments"
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