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Nanotechnologies et Cosmétiques
Veillenanos, illustration Géraldine Grammon, 2017
Nanotechnologies et Cosmétiques
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Par l'équipe Avicenn - Dernière modification décembre 2020
Il semble que l'on puisse trouver des nanomatériaux dans la quasi totalité des produits cosmétiques : dentifrices, crèmes solaires, crèmes anti-âge, fonds de teint, vernis à ongles, mascaras, eye-liners, rouge à lèvres, teintures pour cheveux, fards, poudres, blush, savons, gels douche, déodorants...
Ces nanomatériaux sont principalement des colorants, agents de texture, antibactériens ou filtres UV.
Leurs risques pour la santé sont encore mal cernés, faute de données suffisamment robustes :
sur le danger des substances utilisées
sur le passage des nanomatériaux à travers la peau : longtemps considéré comme très peu probable, certains cas ont été mis en évidence ; même si la proportion de nanoparticules est faible, elle ne doit pas être négligée, du fait de la bioaccumulation possible dans le corps
Jusqu'à récemment, les quelques scientifiques qui se prononçaient sur le sujet considèraient que, dans l'état actuel de nos connaissances, le rapport bénéfices / risques plaidait pour une utilisation de nanoparticules de dioxyde de titane dans les écrans solaires, afin de prévenir le cancer de la peau grâce à leur efficacité en tant que filtre UV - tout en rappelant que chapeau, ombre et vêtements doivent être privilégiés autant que faire se peut et qu'il ne faut pas les appliquer sur des peaux abîmées ou ayant déjà des coups de soleils ni sous formes de spray (interdites depuis peu), à cause des risques liés à leur inhalation.
Une nouvelle étude publiée en juin 2019 vient questionner l'utilisation de crème solaire contenant des nanoparticules de dioxyde de titane : dans le cas de la crème testée, les nanoparticules de TiO2 ne permettent PAS de prévenir le cancer de la peau (bien qu'elles empêchent la peau de rougir, elles ne la protègent pas du stress oxydatif provoqué par les UV !)
Quant aux autres utilisations de nanomatériaux pour des usages plus "futiles" (effets texturants, pailletés ou colorants pour maquillage ou dentifrice par exemple), elles sont quant à elles de plus en plus contestées en raison des nombreuses incertitudes qui pèsent sur leur innocuité.
En mars 2019, du fait de ces risques et incertitudes autour de l'innocuité des nanoparticules de dioxyde de titane, Cosmébio a recommandé à ses adhérents de supprimer le dioxyde de titane de leurs produits ou à le remplacer par une alternative lorsque celle-ci existe.
Leurs risques pour l'environnement sont encore trop peu pris en considération par les instances d'évaluation des risques et d'autorisation des substances toute comme les assocations de consommateurs.
Les nanoparticules traversent-elles la peau ? (La peau n'est néanmoins pas la seule porte d'entrée dans notre corps des nanoparticules utilisées en cosmétique : il ne faut pas négliger la voie orale (avec une ingestion possible de dentifrice, de rouge ou baume à lèvres) et l'inhalation (de poussières de poudres, vapeurs parfumées, sprays, etc.)
Par MD et l'équipe Avicenn - Dernier ajout septembre 2020
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Des nanomatériaux dans la plupart des cosmétiques ?
Il semble que l'on puisse trouver des nanomatériaux dans la quasi totalité des produits cosmétiques : dentifrices1, crèmes solaires, crèmes anti-âge, fonds de teint, vernis à ongles, mascaras, eye-liners, rouge à lèvres, teintures pour cheveux, fards, poudres, blush, savons, gels douche, déodorants...
Mais l'identification précise des nanomatériaux dans les cosmétiques est encore aujourd'hui très difficile, l'obligation d'étiquetage, en vigueur depuis 2013, étant peu respectée (voir ci-dessous).
Diverses initiatives visant à mieux cerner la présence des nanomatériaux dans les cosmétiques ont été mises en place et sont présentées ci-dessous. Si elles ne permettent pas, à ce stade, d'identifier précisément les cosmétiques qui contiennent des nanomatériaux, elles ont néanmoins confirmé la présence de nanomatériaux dans nos cosmétiques, principalement des colorants, agents de texture, antibactériens ou filtres UV.
Les recensements de cosmétiques avec (ou sans) nanomatériaux
Des recensements existent, mais ils sont à ce jour insuffisamment précis et fiables... ou inaccessibles au grand public :
En 2017, une vingtaine de "substances à l'état nanoparticulaire" à usage cosmétique ont fait l'objet de 616 déclarations dans le registre R-nano où doivent être déclarées les substances nano fabriquées, importées ou mises sur le marché en France (voir la liste des ~20 subtances à la page 220 du bilan 2017). La catégorie de produits "cosmétiques, produits de soins personnels" (PC 39) est la deuxième catégorie la plus déclarée au registre. Mais, en l'état actuel du registre, les produits qui contiennent ces substances nano ne peuvent pas être identifiés (d'où la nécessité d'apporter des améliorations à la procédure de déclaration).
L'ONG ClientEarth a demandé à avoir accès aux données détaillées, ce que la Commission européenne lui a refusé jusqu'à présent. Mais le médiateur européen est intervenu mi 2018 pour soutenir la requête de l'ONG : la Commission doit se prononcer avant le 15 juin 2018. A suivre donc...
Début 2018, la DGCCRF a indiqué avoir pu identifier, grâce au "Cosmetic Products Notification Portal"(CPNP) de la Commission européenne, autour de 250 personnes responsables basées en France ayant déclaré, au niveau de l’UE, l’usage d’au moins un nanomatériau ; plus de 11 000 références produits sont concernées, mais pas accessibles publiquement aujourd'hui.
En septembre 2018, plus de 80 pigments de taille nano ont été recensés sur le marché européen par l'agence européenne des produits chimiques (ECHA).
En 2019, l'association Agir pour l'Environnement (APE) a lancé le site https://dentifrice-infoconso.agirpourlenvironnement.org, une base de données répertoriant, fin 2020, plus de 300 dentifrices suspectés de contenir des nanoparticules de dioxyde de titane.
Plusieurs autres "guides" ou "applications" ont été réalisés par des ONG ou des marques pour identifier les nanos dans les cosmétiques ou, à l'inverse, pour trouver des cosmétiques "sans nano", mais leur fiabilité est limitée, soit parce qu'ils s'appuient sur les déclarations (parfois trompeuses) des fabricants soit parce qu'ils sont trop datés.
Des tests ont mis en évidence des nanomatériaux non étiquetés dans de nombreux produits cosmétiques
11 références (sur les 45 prélèvements analysés) n'étaient pas conformes en ce qui concerne l'étiquetage [nano] du noir de carbone de mascaras et eyeliners :
8 échantillons dans lesquels le noir de carbone nano était mentionné dans la liste des ingrédients mais n'a pas été détecté (certains contenaient du noir de carbone sous la forme non-nano, d’autres ne contenaient pas du tout de noir de carbone, ni nano ni non-nano)
3 échantillons dans lesquels le noir de carbone nano n'était pas mentionné dans la liste des ingrédients mais a pourtant été détecté.
37 références (sur les 45) contenaient des nanomatériaux autres que le noir de carbone... sans pour autant être mentionnées sur l’étiquette :
des nanoparticules de fer, d’aluminium et de cuivre… "non autorisées" à l'échelle nano comme colorants ou conservateurs et qui pourraient être interdites ;
des nanoparticules de silice, "non interdites" comme agents de texture
La situation peut sembler confuse ; il y a clairement un problème au niveau de ces listes d'ingrédients, mais la règlementation n'est pas très claire non plus : ainsi, une substance peut ne pas être "interdite" sans pour autant être expressément "autorisée". Reste que même lorsqu'elles ne sont pas formellement "interdites", ces substances doivent être étiquetées [nano] !
La DGCCRF poursuit ses investigations sur pièces et sur place auprès des fabricants pour rechercher les raisons de la présence de ces substances et apporter les suites appropriées (de la "sensibilisation des opérateurs" aux sanctions pénales notamment).
Cette enquête s'est poursuivie en 2018 et 2019, avec un focus plus spécifique cette fois sur les nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) et d'oxyde de zinc (ZnO) dans les produits de protection solaire, avec plus de la moitié des cosmétiques analysés dans le but de rechercher la présence de nanomatériaux non conformes à la règlementation. En savoir plus ici.
un eye liner Maybelline (noir de carbone [nano]) (mais la liste des ingrédients n'est accessible qu'en déchirant le blister !)
Les six autres cosmétiques n'étaient pas étiquetés [nano] alors que des nanoparticules y ont été détectées, souvent dans des proportions très importantes :
une crème solaire Lavera (bio) (TiO2 - 100% nano)
un baume stick à lèvres nourrissant Avène (TiO2 - 100% nano)
un gloss Bourjois ( oxyde de fer Fe2O3 - 100% nano)
un dentifrice Aquafresh (GlaxoSmithKline) (TiO2 - 40% nano)
un déodorant Sanex (Colgate-Palmolive) (oxyde d'aluminium - 31% nano)
un lait corporel Dove (TiO2 - 6% nano)
"Notre stick à lèvres Cold cream ne contient pas de nanomatériau au sens de la réglementation européenne sur les cosmétiques, ainsi qu’en attestent les certificats qui nous ont été délivrés par nos fournisseurs de matières premières", avait répondu Avène, selon le Moniteur des Pharmacies.
- Tests réalisés par Agir pour l'Environnement et WECF France
Certes tous les fournisseurs ne précisent pas nécessairement la dimension nanométrique des ingrédients qu'ils vendent aux marques3 ou présentent des certificats basés sur des mesures inadaptées (avec des méthodes d'analyses inaptes à mesurer des particules de taille inférieure à 100 nm par exemple !). Néanmoins, les marques sont responsables des produits qu'elles mettent sur le marché et doivent vérifier les informations de leurs fournisseurs : si les analyses documentaires des "fiches produits" sont nécessaires, des contrôles supplémentaires en laboratoires sont une garantie plus fiable - à la condition qu'ils soient menés avec des méthodes et outils adéquats, doublés d'une expertise solide.
Quels nanomatériaux pour quelles fonctions cosmétiques?
Les nanomatériaux présents dans les produits cosmétiques sont principalement des colorants, agents de texture, antibactériens ou filtres UV.
A titre indicatif, sur la base des publications disponibles en 2018, voici les principaux nanomatériaux repérés comme utilisés ou susceptibles d'être présents dans les cosmétiques (sans qu'ils soient pour autant nécessairement autorisés), avec leurs fonctions supposées (liste non exhaustive) :
Dioxyde de titane (TiO2) filtre UVB ; sous forme rutile (ou mélange rutile / anatase) ; l'utilisation de nanoparticules de TiO2 permet d'obtenir des crèmes solaires moins opaques, davantage transparentes et fluides mais également plus efficaces pour filtrer les UV (les particules plus grosses ou les agglomérats provoquant une diminution de la "surface spécifique" et donc de leur efficacité d'absorption)4 - mais son utilisation quasi systématique pour des applications où la fonction anti-UV n'est pas strictement nécessaire est controversée, notamment dans les crèmes antirides5
Oxyde de zinc (ZnO) en tant que filtre UVA (autorisé)4
Oxyde de zinc (ZnO) en tant que colorant (CI 77947)
Silice (SiO2) : agent abrasif pour dentifrice, agent de texture et de conservation, additif anti-mottant (anti-coagulant) dans les poudres (déclaré également dans le registre R-nano pour des "cosmétiques capillaires")
Oxyde de fer: colorant minéral (noir CI 77499 ; jaune CI 77492 ; rouge CI 77491) utilisé dans des fards à paupière, fond de teint et poudre, mascara, crayon et eye liner, rouge à lèvre, etc.
Dioxyde de cérium (CeO2) : filtre UV (non autorisé)
Or (Au) : colorant, crème anti-âge (anti stress oxydatif)6
Fullerènes : crème anti-âge
Peroxyde de calcium : dentifrice
Carbonate de calcium : épaississant
Oxyde de chrome (Cr2O3) : colorant vert (CI 77288)
Argile : matifiant
Nanocellulose : agent rhéologique
Methyl-alkenoic (C=3-6) acid, polymers with alkyl(C=1-4) acrylate, polyalkylene glycol methacrylate alkyl ethers and polyalkylenepolyalkylene( C=2-4) glycol methacrylate (disubstitutedcarbopolycyclic) ethyl ether : un épaississant, déclaré au registre R-nano et commercialisé sous le nom de Aculyn 28
CI 11710 : 2-[(4-chloro-2-nitrophenyl)azo]-N-(2-chlorophenyl)-3-oxobutyramide : colorant jaune déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique
CI 11680 : 2-[(4-methyl-2-nitrophenyl)azo]-3-oxo-Nphenylbutyramide : colorant jaune déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique
CI 74160 : 29H,31H-phthalocyaninato(2-)-N29,N30,N31,N32 copper : colorant bleu déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique ; antibactérien
CI CI 51319 : 8,18-dichloro-5,15-diethyl-5,15-dihydrodiindolo[3,2-b:3',2'-m]triphenodioxazine : colorant violet déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique
CI 12490 : N-(5-chloro-2,4-dimethoxyphenyl)-4-5-[(diethylamino)sulphonyl]-2-methoxyphenyl]azo]-3-hydroxynaphthalene-2-carboxamide : colorant rouge déclaré au DeclarationObligatoireNanoFrance registre R-nano pour un usage cosmétique
2,2'-[ethylenebis(oxyphenyl-2,1-eneazo)]bis[N-(2,3-dihydro-2-oxo-1H-benzimidazol-5-yl)-3-oxobutyramide : colorant jaune déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique
CI 74260 : polychloro copper phthalocyanine : colorant vert déclaré au registre R-nano pour un usage cosmétique
Comment Nanosive veut innover en matière de protection solaire, La Tribune, février 2019 : la startup basée à Marseille développe une crème solaire très longue durée contenant des nanoparticules de polymère biocompatibles où sont encapsulés des filtres solaires, avec la propriété d'adhérer à la surface cellulaire de la peau, même en cas de baignade
Nanoparticules - Attention, elles se cachent partout !, UFC-Que Choisir, Que Choisir, Mensuel n° 566, février 2018 : le dentifrice Aquafresh (GlaxoSmithKline) contient du dioxyde de titane (TiO2) dont 40% des particules ont une dimension inférieure à 100 nm
3 - "Le problème de la présence ou de l’absence de nanoparticules dans un produit peut se révéler plus complexe encore dès que la chaîne de fabrication d’un produit intègre des ingrédients provenant de différents fournisseurs. Si certains d’entre eux n’ont pas la capacité ou la volonté de caractériser leurs ingrédients, l’information sera tronquée. Marie-Laure Gratadour Valcarcel, responsable de l’homologation des matières premières de la société Pierre Fabre, fabricant de cosmétiques, de compléments alimentaires et de médicaments, en a témoigné. Si des fournisseurs aux reins solides (...) sont en mesure de transmettre des éléments d’information sur leurs matières, des fournisseurs de matières (...) ont beaucoup plus de mal à produire des données ou à les transmettre". Source : Compte rendu du forum NanoRESP du 19 juin 2018
4 - L'efficacité anti-UV serait liée à la plus grande surface de réaction des particules de petites tailles par rapport aux particules plus grandes (le ratio surface / volume est plus important pour les nanoparticules que pour les microparticules) ; voir par exemple :
"De l'intérêt des nanoparticules en cosmétiques", Devers T, Chef du Département GIM IUT de Chartres, ICMN UMR 7374, présentation lors de la Journée technique Nano et Cosmétiques, LNE, 29 mars 2018
5 - Cf. "Crèmes antirides : des filtres UV malvenus" : "les filtres incorporés dans ces antirides sont controversés. En particulier (...) du dioxyde de titane sous forme nano. Dans une crème de soin à visée purement esthétique comme un antirides, la présence de filtres UV à risque avéré, ou même seulement soupçonnés de toxicité, n’est pas acceptable".
Par 60 Millions de consommateurs, 25 octobre 2018
6 - Voir par exemple "Nos cosmétiques valent de l'or", Magazine Avantages, 7 décembre 2018
En avril 2018, Avicenn avait également repéré la game "Nano Gold" de la marque Chantecaille, dont quatre produits cosmétiques présentés comme contenant des nanoparticules d'or. Bizarrement, ces produits mettent en avant le terme "nano" ou "nanoparticules" sur leur emballage, mais pas dans la liste des ingrédients comme l'exige pourtant la réglementation (seule la mention CI 77480, colorant doré, apparaît dans cette liste) : Produits contenant des nanoparticules d'or, 2018
Ce site est édité par l'association Avicenn qui promeut davantage de transparence & de vigilance sur les nanos.
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