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Nano et Santé au travail (2/3) : Quels risques pour les travailleurs exposés ?

Nano et Santé au travail (2/3) : Quels risques pour les travailleurs exposés ?
Par MD et l'équipe Avicenn - Dernière modification novembre 2019Cette fiche est la deuxième partie de notre Dossier Nano et Santé au travail. Elle a vocation à être complétée et mise à jour avec l'aide des adhérents et veilleurs d'Avicenn. Vous pouvez contribuer à l'améliorer en nous envoyant vos remarques à l'adresse redaction(at)veillenanos.fr.
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Sommaire :
- Propriétés nouvelles, risques nouveaux ?
- Des risques encore mal cernés, à mieux étudier
- Des signaux néanmoins très inquiétants
- La plus grande vigilance devrait être appliquée
- En savoir plus
Propriétés nouvelles, risques nouveaux ?
A l'échelle nanométrique, les matériaux peuvent manifester des propriétés renforcées ou nouvelles, différentes de celles des matériaux micrométriques (voire massifs) de même composition chimique ; certaines de ces nouvelles propriétés peuvent être dangereuses pour les travailleurs exposés (plus forte réactivité, explosivité, inflammabilité, ...).
Les potentiels d'émission et d'exposition professionnelle aux aérosols lors d'opérations mettant en oeuvre des nanomatériaux sont considérés comme l'un des principaux risques émergents sur les lieux de travail depuis au moins 2009 par l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (OSHA)1.
Des risques encore mal cernés, à mieux étudier
Problème : les répercussions que l'exposition aux nanomatériaux manufacturés peut avoir sur la santé humaine sont encore largement méconnues et entachées d'incertitudes2.
Les effets sur la santé des travailleurs sont insuffisamment évalués et connus :
- Les études toxicologiques sont confrontées à des difficultés méthodologiques et de nombreux paramètres à prendre en compte ; elles ne permettent pas d'entrevoir de réponses simples et univoques sur les risques des nanomatériaux à court terme. Jusqu'à récemment notamment, peu d'études portaient sur l'inhalation des nanomatériaux alors que c'est la voie d'exposition professionnelle la plus probable et la plus préoccupante pour les travailleurs exposés3. Cette voie est cependant davantage prise en compte maintenant. Il reste néanmoins que les effets néfastes observés dans de nombreuses études toxicologiques sont souvent contestés ou minimisés par des industriels qui se retranchent derrière l'attente de résultats probants issus d'études épidémiologiques.
- Or, les études d'épidémiologie menées sur des travailleurs exposés aux nanomatériaux sont rarement de bonne qualité : beaucoup comportent des biais, ou ne détaillent pas l'exposition et/ou les conditions de travail.
- Un des problèmes rencontrés reste la mesure de l'exposition - malgré le développement d'instruments plus performants (en termes de sensibilité, reproductibilité, souplesse, facilité de mise en oeuvre et coût) permettant d'effectuer des mesures aux postes de travail.
- Les effets sur la santé des travailleurs peuvent prendre de nombreuses années avant d'apparaître4 (on parle alors de "risques à effets différés") et les tumeurs cancéreuses ne livrent pas d'indication sur ce qui les a déclenchées... or les travailleurs sont souvent exposés à différentes substances chimiques.
Il sera donc sans doute très long et difficile d'établir au final un lien clair de cause à effet entre exposition professionnelle aux nanomatériaux et pathologies. Car les risques liés à leur exposition professionnelle aux nanomatériaux se cumulent en outre avec :
- l'exposition non professionnelle aux nanoparticules que subit la population générale via l'alimentation, l'eau, les cosmétiques, la pollution atmosphérique, etc.
- l'utilisation de substances chimiques parfois dangereuses, avec des interactions difficilement identifiables et maîtrisables (on parle alors d'"effet cocktail" 5).
Les autorités françaises reconnaissent que "les efforts doivent être poursuivis pour améliorer la connaissance et permettre, en particulier, d'affiner l'évaluation des effets et des risques" 6.
Des travaux sur les risques liés à l'exposition professionnelle aux nanomatériaux sont menés aujourd'hui au sein de plateformes spécialisées sur les risques nano, à l'INERIS, à l'INRS, au CEA notamment. Avicenn suit l'avancée des travaux qui y sont menés.
Des signaux néanmoins très inquiétants
Pour autant les données parcellaires dont on dispose sont plutôt inquiétantes : les nanomatériaux inhalés peuvent en effet se diffuser dans l'organisme, se transformer d'un point de vue physico-chimique, s'accumuler ensuite dans certains organes, dans le sang et à l'intérieur des cellules7 et y causer des perturbations voire des effets néfastes (réaction inflammatoire pulmonaire ; fibrose pulmonaire ; risques de cancer du poumon en cas d'inhalation de certains types de nanotubes de carbone, longs et rigides)8.
En avril 2014, l'Agence nationale française de sécurité sanitaire (ANSES) a préconisé le classement des nanomatériaux comme substances dangereuses dans le cadre de la réglementation européenne CLP.
Chez l'animal, des effets semblables à ceux de l'amiante ont été observés : des rats en laboratoire ont développé un mésothéliome suite à une exposition à certains types de nanotubes de carbone.
Comme dans le cas de l'amiante, on redoute les conséquences d'une absence de prévention car les effets sur la santé ne sont susceptibles d'apparaître que plusieurs années - voire décennies - après l'exposition aux nanomatériaux... d'où la nécessité de protéger les travailleurs et de mettre en place un dispositif de suivi de leur état de santé sur le long terme.
Plusieurs cas de pathologies observées chez des travailleurs exposés aux nanoparticules ont néanmoins déjà été rapportés :
- En 2009, des problèmes pulmonaires ont entraîné l'hospitalisation de travailleuses chinoises exposées à des nanoparticules d'acrylique pendant 5 à 13 mois9.
- Fin 2013, à Taiwan, une étude menée sur six mois a mis en évidence des corrélations entre manipulation de nanomatériaux et des marqueurs de maladies pulmonaires et cardiovasculaires, des marqueurs de l'inflammation et de stress oxydatif et enzymes antioxydantes10.
- En 2014, une jeune chimiste nord-américaine ayant manipulé (sans masque) des nanoparticules de nickel à l'état de poudre a présenté divers symptômes (irritation de la gorge, congestion nasale, rougeur du visage, réaction cutanée)11
- En 2017, des effets immunologiques ont été rapportés chez des travailleurs manipulant des nanoparticules manufacturées12
Le risque d'incendie et d'explosion est également particulièrement inquiétant (tout particulièrement pour les nanoparticules d'aluminium, de magnésium ou de lithium ainsi que pour les nanotubes de carbone)13.
La plus grande vigilance devrait être appliquée
Tous ces éléments réunis conduisent à préconiser la plus grande vigilance, principe de précaution oblige. L'enjeu est de taille : il s'agit ni plus ni moins d'éviter de renouveler les erreurs du passé : si les effets cancérogènes de l'amiante ont été démontrés dans les années 1930, il a fallu attendre les années 1990 pour que les premières lois d'interdiction entrent en vigueur...
Parmi les défis à relever figurent le développement de travaux de recherche indépendants sur les risques ainsi que l'accélération de la transmission des résultats des recherches auprès des services sanitaires afin qu'ils puissent prendre les dispositions adaptées au plus vite - qu'il s'agisse de la mise au point ou à jour de réglementations ou de mesures d'information et de protection.
Le corpus de connaissances évolue en effet à un rythme que les lourdeurs institutionnelles ne permettent pas de suivre : les délais sont encore trop longs entre l'obtention des résultats, leur publication puis leur prise en compte par les autorités d'évaluation et de gestion des risques, leur communication auprès des acteurs de terrain et enfin la déclinaison concrète de mesures appropriées.
A noter, fin 2017, une "première" juridique en Europe sur l'exposition professionnelle aux nanoparticules : un juge espagnol a considéré qu'un travailleur ayant subi une greffe de rein ne doit pas être affecté à un poste exposant aux nanomatériaux14. Cet avis pourrait avoir des répercussions notables dans les mois et années à venir...
Mi 2018, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) a publié un rapport15 appelant à protéger les travailleurs et les populations à proximité des sites industriels produisant ou manipulant du nano-TiO2, assorti d'un ensemble de préconisations pratiques à destination des pouvoirs publics et des industriels.
En avril 2019, l'INRS a lancé un appel aux entreprises utilisatrices de silices amorphes pour une recherche en santé au travail : "Exposition professionnelle aux silices amorphes nanostructurées : biomarqueurs d'effets précoces" (2019-2022).
Voir également notre fiche Nano et Santé au travail : Quelles recommandations / bonnes pratiques ?
⇒ Fiche suivante : "Nano et Santé au travail : Quelles recommandations / bonnes pratiques ?"
En savoir plus
- Notre fiche Quels effets néfastes des nanomatériaux sur la santé ?, veillenanos.fr
- Extraits de notre Bibliographie "Nano et Santé au travail", veillenanos.fr :
- Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), Bilan des connaissances relatives aux effets des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) sur la santé humaine ; caractérisation de l'exposition des populations et mesures de gestion, avril 2018 (rendu public en juin 2018)
- INSERM, Les nanomatériaux au laboratoire - Savoir reconnaître leurs risques pour une prévention adaptée, mars 2016
- ANSES, Evaluation des risques liés aux nanomatériaux - Enjeux et mise à jour des connaissances, avril 2014 : Annexe 9 "Evaluation de l'exposition" et Annexe 10 : Surveillance médicale des travailleurs
- ANSES, Evaluation des risques liés au GRAPHISTRENGTH C100 (nanotubes de carbone d'Arkema), novembre 2013 (mis en ligne janvier 2014)
- Institut national de recherche et de sécurité (INRS), Rubrique en ligne "Nanomatériaux. Quels risques ? Quelle prévention ?"
- Aída Maria Ponce Del Castillo (ETUI), Les nanomatériaux sur le lieu de travail, Quels enjeux pour la santé des travailleurs ?, mai 2013
- Direccte Limousin, Colloque Nanoparticules : Risques ou progrès ?, 24 octobre 2013
- IRSST (Canada), Les effets sur la santé reliés aux nanoparticules, 2008
- Institut national de veille sanitaire (InVS), Comment évaluer les risques sanitaires éventuels d'une exposition professionnelle aux nanomatériaux ?, vidéo, avril 2013
- ANSES, Toxicité et écotoxicité des nanotubes de carbone - Note d'actualité, État de l'art 2011-2012, novembre 2012
- Gérald Hayotte, Nanotechnologies : entre utile et futile, Apeska, octobre 2012
- ANSES, Avis sur "l'évaluation des risques liés au GRAPHISTRENGTH C100 réalisée dans le cadre du programme Génésis", (nanotubes de carbone), avril 2012
- Afsset, Évaluation des risques liés aux nanomatériaux pour la population générale et pour l'environnement, mars 2010
- Ministère du Travail, Nanomatériaux, (page non datée)
En anglais :
- Schulte PA et al., Current state of knowledge on the health effects of engineered nanomaterials in workers: a systematic review of human studies and epidemiological investigations, Scand J Work Environ Health., 1;45(3):217-23, mai 2019
- Pelclova D et al., Markers of oxidative damage of nucleic acids and proteins among workers exposed to TiO2 (nano) particles, Occup Environ Med, 73:110-118, 2016
- Murashova V & Howard J, Risks to Health Care Workers from Nano-Enabled Medical Products, Journal of Occupational and Environmental Hygiene, 12(6), 2015
NOTES et REFERENCES :
1 - Workplace Exposure to Nanomaterials, EU-OSHA, European Agency for Safety and Health at Work, 2009
2 - Voir notre fiche Quels effets néfastes des nanomatériaux sur la santé ?
3 - Voir notre fiche Les portes d'entrée des nanomatériaux dans le corps humain, veillenanos.fr
4 - "Des effets chroniques - comme les infections pulmonaires et circulatoires - peuvent mettre des décennies à se manifester et être diagnostiquées" - Aída Maria Ponce Del Castillo (ETUI), Les nanomatériaux sur le lieu de travail, Quels enjeux pour la santé des travailleurs ?, mai 2013
5 - Cf. http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=EffetsNanoSante#EffetCocktail
6 - Réponse des autorités françaises à la consultation publique "Towards a strategic nanotechnology action plan (SNAP) 2010-2015", mars 2010
7 - Voir notre fiche Quel devenir et comportement des nanomatériaux dans le corps humain ?, veillenanos.fr
8 - Voir notamment :
- Effets des nanotubes de carbone sur la santé - Eviter de reproduire les erreurs de l'amiante, veillenanos.fr, 26 novembre 2013
- Donaldson K. et al., Asbestos, carbon nanotubes and the pleural mesothelium: a review of the hypothesis regarding the role of long fibre retention in the parietal pleura, inflammation and mesothelioma, Particle and Fibre Toxicology, 22 (7), 5, 2010
- Interim guidance for medical screening and hazard surveillance for workers potentially exposed to engineered nanoparticles, Current Intelligence Bulletin, NIOSH (Etats-Unis), 60, 2009
- et plus généralement, nos fiches :
9 - Exposure to nanoparticles is related to pleural effusion, pulmonary fibrosis and granuloma, Song Y et al., Eur Respir J, 34(3):559-67, septembre 2009
10 - Cf. Hui-Yi Liao et al., Six-month follow-up study of health markers of nanomaterials among workers handling engineered nanomaterials, Nanotoxicology, décembre 2013
11 - Occupational handling of nickel nanoparticles: A case report, Shane Journeay W, American Journal of Industrial Medicine, 57(9) : 1073-1076, septembre 2014
12 - Cf. Effets immunologiques chez les travailleurs manipulant des nanoparticules manufacturées, Camip Info, avril 2018 (résumé en français de "Immunological effects among workers who handle engineered nanoparticles", Glass DC et al., Occupational and Environmental Medicine, 74(12) : 868-876, 2017
13 - Voir notamment :
- Nanomatériaux dans le transport et l'habitat : Quels sont les risques liés à la dégradation thermique ?, Simon Delcour, LNE, wébinar, juin 2019
- Army scientists have a blast with aluminum nanoparticles, U.S. Army Research Laboratory, 7 juin 2018
- Explosibility of nanoparticles, nanowerk, mars 2012
- Les projets NanoSafe 2 (6e PCRDT) et Nanoris ont entre autres résultats permis de mettre en évidence les propriétés fortement détonantes de certaines nanoparticules (aluminium), mais aussi le risque de sous-évaluation de l'explosivité et de l'inflammabilité due à la faculté d'agglomération des nanopoudres. Cf. Rapport scientifique 2008-2009, INERIS, novembre 2009
- pour les particules de taille micrométrique, elle est à 15 mJ
- pour les particules de diamètre de 200 nm, elle est à 7 mJ
- pour les particules de diamètre de 100 nm, elle est inférieure à 1 mJ
14 - Prevecion integral, Primera sentencia en Europa sobre exposición a nanopartículas, 15 décembre 2017 (Una juez de Pamplona decide, en una sentencia admirable, que un trasplantado de riñón es especialmente sensible a las nanopartículas)
15 - Cf. Protéger les travailleurs et les personnes au voisinage de sites de production ou de manipulation de nanoparticules de dioxyde de titane, Haut conseil de la santé publique, 25 juin 2018
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Fiche initialement mise en ligne en juillet 2015
Nanos et Risques : Ne pas renouveler les erreurs du passé
Nanos et Risques : Ne pas renouveler les erreurs du passé
Par MD et DL - Dernier ajout novembre 2018
Combien d'années seront nécessaires avant que les mesures adéquates soient mises en oeuvre, en termes d'évaluation et de gestion des risques ?
Allons-nous laisser faire le développement des usages de masse de l'ensemble des nanomatériaux sans distinguer les usages potentiellement utiles des usages plus futiles et en croisant les doigts qu'il n'y ait pas à intervenir après-coup... ou bien parviendrons-nous à tirer les enseignements d'expériences similaires et agir en conséquence ?
Une fois que de grandes quantités de nanomatériaux seront relarguées dans l'environnement et mélangées aux quelques centaines de milliers de substances chimiques de synthèse qui y sont déjà présentes, il sera trop tard pour agir efficacement.
Il est nécessaire de déployer une vraie stratégie de recherche, aux niveaux international, européen, français et dans chaque entreprises concernée : cette stratégie doit être articulée avec les préoccupations de la société civile et avec les besoins des entreprises et des autorités sanitaires et environnementales chargées de mieux évaluer et/ou mieux gérer ces risques. Car la difficulté d'évaluer, de pronostiquer, de gérer des risques reste énorme et plaide pour plus de responsabilité sociétale et environnementale de la part de chacune des parties prenantes (chercheurs, administrations, entreprises, élus, associations, médias, etc.). Le travail de veille et d'information que nous effectuons sur notre site veillenanos.fr et les réseaux sociaux entendent y contribuer.
Quelques citations :
Dorota Napierska, responsable du "Safer Chemicals programme" , août 2020
"Historiquement, l'absence d'examen des risques liés à des agents chimiques apparemment bénéfiques a entraîné des expositions à grande échelle qui ont conduit à des effets néfastes sur la santé humaine et l'environnement découverts des années ou des décennies plus tard, bien après que les dommages aient été causés. Nous avons la possibilité d'éviter de répéter les mêmes erreurs avec le nano-argent".Source : Nanosilver in healthcare – does the silver bullet exist?, Observatoire européen des nanomatériaux, août 2020
Annabelle Littoz-Monnet, professeure de science politique à l’IHEID, novembre 2018
"Il s’agit (...) de promouvoir un débat équilibré sur le potentiel, mais aussi les risques et incertitudes liés à ces technologies, et de répondre à une question essentielle: quelle décision prendre face à l’incertitude? L’état actuel de la recherche sur les nanotechnologies ne permet pas de déterminer si ces matériaux sont sûrs".Source : Les nanotechnologies: réguler en situation d’incertitude, Le Temps, 12 novembre 2018
Philippe Bihouix, La Fabrique Ecologique, Vers des technologies sobres et résilientes – Pourquoi et comment développer l'innovation low-tech, octobre 2018
"Une innovation low-tech ? Quel est cet étrange oxymore ? Faut-il retourner à la bougie ou à l’âge des cavernes aulieu de miser sur le progrès technologique ? Certes, le low-tech ne fait pas rêver comme le high-tech et ses applications futuristes. Et pourtant, si c’était là que se situait la vraie modernité et le courage d’innover ? (...) Les technologies « vertes » et intelligentes sont présentées comme la clé pour résoudre le défi planétaire. A y regarder de plus près, il serait dangereux de faire reposer la transition écologique sur une innovation technologique toujours plus complexe : les high-tech ont souvent tendance à accélérer notre modèle « extractiviste », à nous éloigner de l’économie circulaire et à provoquer de nombreuses problématiques sociales, humaines et politiques. Si le tout high-tech n’est pas l’eldorado promis par certains, il est indispensable de penser différemment et de développer, en parallèle, le concept et les initiatives dites « low-tech »."
Source : Pour une société durable, sobre et résiliente… Osons le low-tech !, interview de Philippe Bihouix, Actu environnement, octobre 2018 et note Vers des technologies sobres et résilientes – Pourquoi et comment développer l'innovation low-tech ?, La Fabrique Ecologique, octobre 2018.
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), Frontiers 2017, décembre 2017 :
"Grâce à notre expérience de l’amiante et d’autres matériaux dangereux, nous savons que la liste des risques potentiels est longue. L’exposition de l’environnement aux nanomatériaux manufacturés est inévitable.Leurs effets néfastes et leur persistance pourraient avoir des conséquences non négligeables sur les organismes, les écosystèmes et les chaînes alimentaires. (...) Le développement industriel est bien plus rapide que la mise en place de réglementations. En l’absence de suivi à long terme et en raison du manque de données scientifiques sur les nombreux aspects liés à la toxicologie et à la toxicité des nanomatériaux, l’adoption de réglementations spécifiques est lente, bien que les signes témoignant de la dangerosité des nanomatériaux et des risques liés à l’exposition à ceux-ci soient de plus en plus nombreux. (...) Il est nécessaire d’adopter non seulement des politiques porteuses de transformations pour encourager l’innovation et les applications industrielles de chimie verte, mais surtout des cadres réglementaires adaptés et itératifs qui appliquent le principe de précaution pour garantir la sécurité et prévenir toute pollution. Le monde ne peut se permettre d’exploiter les possibilités prometteuses offertes par de nouveaux matériaux sans tenir compte des enseignements du passé concernant les risques et les dommages sur la santé et l’environnement."
Source : https://wedocs.unep.org/...
Corinne Lepage, Le choix du pire, de la planète aux urnes, février 2017
"En fait, le vrai sujet n'est pas le principe de précaution, mais la responsabilité, responsabilité au sens le plus large du terme, c'est-à-dire le fait d'assumer les conséquences de ses choix. Or, avec les nouvelles technologies, qu'il s'agisse des OGM ou des nanotechnologies, à un certain seuil, la dissémination rend impossible la recherche des responsabilités. L'objectif des industriels est de faire traîner les choses en longueur jusqu'à ce que ce seuil soit atteint. Or ce stade me semble atteint aujourd'hui. Les nanotechnologies sont très largement utilisées sans aucun contrôle. Nous vivons dans un système dans lequel le monde industriel invente les règles de son irresponsabilité. On est parvenu à vider la précaution de son contenu et à en faire un principe purement virtuel en faisant croire, comble de l'hypocrisie, qu'il est un obstacle au développement".Source : https://www.puf.com/...
Vladimir Baulin, Nanotechnology is like the early days of radioactivity when it comes to knowing the risks, 2 février 2017
"Il devient urgent de comprendre les mécanismes exacts de nanotoxicité et de faire une classification en fonction du mécanisme. La radioactivité ou les rayons X sont entrés dans nos vies de la même manière. Il a fallu du temps avant que les chercheurs comprennent les mécanismes d'action sur les organismes vivants", a mis en garde Vladimir Baulin de l'Université Rovira i Virgili, à Tarragone (Espagne)."Le Dr Baulin est le coauteur d'un article publié en novembre dernier dans Science Advances, qui montre pour la première fois que les nanoparticules peuvent traverser la membrane biologique. L'étude découle du projet SNAL, financé par l'Union européenne.
Source : https://horizon-magazine.eu/...
François Jarrige, Ils ont critiqué le progrès, 22 février 2016
"On peut déjà s'interroger sur ce que serait notre monde si personne n'avait jamais mis en doute les bienfaits de la technique ; si personne n'avait oeuvré pour retirer du marché certains produits toxiques comme le DDT, cet insecticide utilisé en agriculture et dans la lutte contre le paludisme, ou les chlorofluorocarbures (CFC) à l'origine du trou dans la couche d'ozone. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation paradoxale. À bien des égards, une nouvelle phase techno-critique s'est ouverte. Avec la crise financière et économique, l'épuisement des ressources naturelles, les dégradations de plus en plus visibles de l'environnement... mais aussi avec la montée des inégalités sociales, beaucoup ressentent le besoin de repenser le projet technique de la modernité, son gigantisme et son accélération incessante. L'histoire des techno-critiques remet en perspective certains débats très contemporains. Pour la première fois, on ose aborder la question de la puissance acquise par l'homme, capable de modifier les grands équilibres du globe, d'éteindre ou de modifier des espèces animales, d'artificialiser la vie... Pourtant il reste difficile de contester le consumérisme technologique et la fascination pour les derniers gadgets censés relancer la croissance et résoudre nos problèmes. Et le débat reste encore caricatural entre ceux qui ne jurent que par l'innovation technique et à l'opposé ceux qui voient déjà l'apocalypse arriver..."Source : https://lejournal.cnrs.fr/...
Sébastien Delpont, Sortons des controverses sur l'innovation, 22 septembre 2014
"Quelle que soit la sincérité des acteurs en présence, il leur faut prendre conscience qu'il y a en France un tel passif sur ces questions (amiante, sang contaminé, chlordécone) que ce n'est pas demain qu'on basculera, aux yeux de la population, de la présomption de culpabilité à la présomption d'innocence lorsque émerge une controverse. (...) Le temps où il était possible d'imposer une technologie à une société convaincue de la justesse d'analyse de son Etat central (comme pour le nucléaire) est fini. Notre monde interconnecté a permis une rupture de l'asymétrie de l'information sur l'accès aux recherches scientifiques. Des données sur ces controverses sont accessibles en quelques clics sur des sites dédiés ou des réseaux sociaux. (...) Le consommateur final, le plus concerné, semble être le grand oublié de ces combats acharnés entre industriels et ONG où règnent les conflits d'intérêts. On le prend à témoin lors de passes d'armes mais sans lui livrer toutes les informations pertinentes. Il ne sait plus à quel saint se vouer. Il a besoin de s'appuyer sur des intermédiaires de confiance. (...) La seule issue pour des industriels lançant de nouvelles technologies est d'entrer dans des démarches volontaires et positives de filières pour régler ces controverses. Ces démarches transparentes doivent intégrer dès l'amont l'ensemble des parties prenantes : fabricants, distributeurs, associations, pouvoirs publics dans l'analyse des risques, la chasse aux conflits d'intérêts et l'explication au grand public."Source : www.lemonde.fr/...
David Suzuki, Spéculation, yeux fermés et mauvaises surprises, 12 août 2014
"Il se peut que les nanomatériaux s'avèrent être une aubaine pour les humains, mais nous avons trop peu de connaissances sur leurs effets à long terme pour les incorporer les yeux fermés à nos produits alimentaires ou autres. Si nous devons retenir une chose du passé, c'est que même si nous pouvons spéculer sur les avantages des nouvelles technologies, la réalité ne correspond pas toujours à la spéculation et un manque de connaissances peut conduire à de mauvaises surprises en aval."Source : http://www.straight.com/...
Philippe Bihouix, auteur de L'âge des Low Tech, juillet 2014
"Plus on est high-tech, moins on fabrique des produits recyclables et plus on utilise des ressources rares dont on finira bien par manquer. Il est absurde de croire que les solutions technologiques pourront être déployées à la bonne échelle. Ainsi l'ensemble des résidus agricoles de la planète ne suffirait pas à couvrir notre seule consommation de plastiques Il faut donc se tourner vers les basses technologies. D'abord réfléchir à nos besoins. Avant d'apprendre à se passer des automobiles, brider la puissance des moteurs, alléger le poids. Concevoir des objets plus simples, privilégier le mono-matériau, réduire le contenu électronique (la cafetière italienne contre la machine à expresso) et mettre en place un réseau de récupération, réparation, revente, partage des objets du quotidien, outils, jouets, appareils ménagers Sur cette Terre, tout a un impact. Il n'y aura jamais de voiture « propre », quand bien même son énergie serait « zéro émissions ». C'est donc dans la tempérance qu'il faut chercher le salut..."Source : http://biosphere.blog.lemonde.fr/...
Steffen Foss Hansen et David Gee, Recherche adéquate et prospective sur les dangers potentiels des nouvelles technologies : un cas de myopie et d'inertie?, juin 2014
"L'histoire confirme que malgré les nombreux avantages apportés par les innovations technologiques, ces dernières peuvent également causer beaucoup de souffrance humaine, la dégradation de l'environnement et des coûts économiques. Ne sommes-nous pas en train de faire bégayer l'Histoire avec les produits chimiques et les nouvelles technologies? (...) À la lumière de l'histoire des risques technologiques passés, où la recherche sur les recherches sur les aspects sanitaires et environnementaux ont été menées trop peu et trop tard, nous suggérons qu'il serait prudent de consacrer entre 5 et 15% de la recherche et développement à la recherche sur les aspects sanitaires et environnementaux afin d'anticiper et de réduire les risques potentiels tout en maximisant la durée de vie commerciale des technologies émergentes."Source : http://jech.bmj.com/...
William Dab, Quelle cartographie des risques ?, 15 juin 2014
"Les risques incertains méritent un débat public organisé et mettent le politique en première ligne. S'ils concernent de vastes populations, ils constituent une priorité pour la recherche (cas des nanotechnologies, par exemple). Les risques émergents appellent à la fois des procédures de vigilance spécifiques, des programmes de recherche dédiés et des actions pédagogiques."Source : http://securitesanitaire.blog.lemonde.fr/...
Roger Lenglet, "Ne plus se laisser manipuler", Nanotoxiques, mars 2014
"Certes les dossiers des colorants et des parfums d'ambiance cancérigènes, des veaux aux hormones, du bisphénol A, sans oublier la "vache folle", les sels d'aluminium et le mercure dans les vaccins et les plombages, par exemple, ont laissé des traces dans les mémoires. Mais beaucoup de gens sont ainsi faits qu'ils imaginent qu'on ne refera plus les mêmes erreurs. Encore plus nombreux sont ceux qui veulent maintenir leur confiance dans les "garde-fous" en pensant que c'est une croyance nécessaire pour continuer à vivre heureux. Une formule immémoriale l'exprime : "Si l'on faisait attention à tout, on ne vivrait plus." La société moderne a engendré ce sentiment et continue à l'entretenir, nous faisant déléguer à des instances supérieures la prudence et l'attention aux dangers."Source : www.actes-sud.fr/...
Emmanuel Fort - Nanoparticules et innovation biomédicale : Avancées thérapeutiques, risques sanitaires ?, 13 décembre 2013
"Le rythme des innovations est spectaculaire et les avancées diagnostiques et thérapeutiques considérables. Mais quid des effets nocifs des nanoparticules sur notre santé... et sur le monde animal et même végétal ? Les chercheurs s'interrogent sur l'éventuelle écotoxicité de ces matériaux, comme par exemple ceux que l'on intègre de plus en plus couramment dans les cosmétiques et les produits de bain.Aujourdhui, les chercheurs de l'institut Langevin nous incitent à la prudence concernant le foisonnement de produits cosmétiques à base de nanoparticules - en particulier celles d'argent. La nanoparticule d'or serait quant à elle inoffensive, surtout si elle est entourée d'une couche de silice, mais là encore des études contradictoires sont parues. Le radium, découvert par Marie Curie et qui lui fut lentement fatal, eut lui aussi son heure de gloire et fut utilisé jusqu'à la fin des années 1930 dans toute sorte de produits de consommation courante du dentifrice aux aiguilles fluorescentes des horloges, en passant par des sodas. Les ouvrières s'en mettaient dans les cheveux pour son effet paillettes, et une utilisation oto-rhino-laryngologique pour les enfants a même perduré aux États-Unis jusqu'aux années 70."
Source : www.paristechreview.com/...
Luc Perino - Bons élèves de l'agnotologie, 27 novembre 2013
"Le danger des additifs au plomb dans l'essence a été découvert dans les années 1930 et l'essence au plomb a été définitivement interdite en 2000. Le rôle cancérogène de l'amiante a été démontré dans les années 1930 et il a fallu attendre les années 1990 pour que les premières lois d'interdiction entrent en vigueur. La responsabilité du tabac dans le cancer du poumon a été mise en évidence par l'étude de Doll en Hill et 1950 et les premières lois effectives contre le tabac sont apparues plus de trente ans plus tard. Les effets néfastes d'un excès de consommation de sucre étaient évidents au début du XX° siècle et les premières alarmes ont été déclenchées dans les années 1960.Ces exemples, parmi les plus connus, font apparaître un délai incompressible de 30 à 60 ans entre la preuve d'une nocivité et les premières législations destinées à la réduire. La durée de ce délai est liée à la puissance des lobbies et à leur expertise en « agnotologie ». Ce néologisme de Proctor désigne la « science » consistant à produire du doute et de la méconnaissance, son principe simple repose sur une cascade d'amalgames : toute étude étant toujours critiquable, la critique devient équivalente à une absence de preuve, et l'absence de preuve est alors assimilée à une absence de nuisance. Les médias grand public en sont l'amplificateur naturel, puisque leur vitalité provient de la polémique et de la pluralité des paroles".
Source : http://expertiseclinique.blog.lemonde.fr/...
Stéphane Foucart - Irrationalité(s), 15 novembre 2013
"La science est ainsi à la traîne de la formidable capacité d'innovation de l'industrie. Sachant que la réglementation est elle-même structurellement en retard sur la science, le procès en irrationalité fait aux adversaires des « nanos » prend une dimension assez paradoxale Car s'il n'est pas raisonnable de prôner l'abandon de la recherche sur ces objets aux promesses si grandes, il ne semble pas non plus très rationnel d'en avoir généralisé l'usage sans en avoir mieux exploré les risques.La disqualification pour cause d'irrationalité est une vieille antienne : en 1992, le célèbre appel d'Heidelberg (signé par des centaines de savants) fustigeait déjà les « préjugés irrationnels » des mouvements de défense de l'environnement. L'appel d'Heidelberg installait déjà l'idée que toute exigence d'un environnement sain, formulée hors de l'establishment scientifique, était suspecte d'irrationalité. On réalisa, mais un peu tard, que l'industrie de l'amiante était à l'origine du texte."
Source : http://lemonde.fr/...
Collectifs de chercheurs - Innovation scientifique : la parole aux citoyens ! 29 octobre 2013
"plus d'un siècle de développement scientifique et technique nous a montré que si ce développement a permis dans certains domaines d'améliorer les conditions de vie des hommes et l'environnement, l'inverse s'est malheureusement manifesté largement dans de nombreux domaines (biodiversité, climat, pollutions atmosphériques et marines, accidents technologiques...). La nécessité du contrôle de la société sur ces développements est aujourd'hui une évidence"Source : www.liberation.fr/...
William Dab - Les nanotechnologies, un cas d'école, 14 juillet 2013
"Quand on parle des risques des nouvelles technologies, les nanotechnologies sont assurément un cas d'école. (...) Les nanoparticules posent évidemment des questions de sécurité sanitaire parce que leur taille leur permet de franchir les barrières biologiques. Le développement rapide de ce marché va conduire à une exposition humaine accrue. C'est la seule certitude que l'on ait, car pour le reste, nous faisons face à plus de questions que de réponses. Quelques études toxicologiques montrent qu'elles peuvent induire des processus pathologiques. A ce stade, c'est un signal plus qu'une preuve. En réalité, il s'agit d'un domaine où l'incertitude est maximale et c'est en cela qu'il s'agit d'un cas d'école. La mise sur le marché se fait à un rythme tel que les capacités d'évaluation des risques ne peuvent pas suivre."Source : http://securitesanitaire.blog.lemonde.fr/...
Agence européenne pour l'environnement (AEE) - Signaux précoces et leçons tardives, vol. 2, janvier 2013
"Le premier volume des Signaux précoces et leçons tardives (Late Lessons from Early Warnings) publié en 2001 était un rapport novateur détaillant l'histoire des technologies ayant par la suite été jugées dangereuses. Le volume 2 de 750 pages publié en janvier 2013 comprend 20 nouvelles études de cas dont une étude de cas sur les nanotechnologies.
(...)
Les études de cas historiques montrent que les avertissements ont été ignorés ou écartés jusqu'à ce que les dommages pour la santé et l'environnement ne deviennent inéluctables. Dans certains cas, les entreprises ont privilégié les profits à court terme au détriment de la sécurité du public, en cachant ou en ignorant l'existence de risques potentiels. Dans d'autres cas, les scientifiques ont minimisé les risques, parfois sous la pression de groupes d'intérêts. Ces leçons pourraient nous aider à éviter des conséquences néfastes provoquées par les nouvelles technologies. Cinq de ces histoires illustrent également les avantages apportés par la rapidité de réaction en réponse aux signes avant-coureurs.
(...)
Privilégier le principe de précaution est presque toujours bénéfique - suite à l'analyse de 88 cas de prétendue «fausses alertes», les auteurs du rapport n'en n'ont validées que quatre. Le rapport montre également que les mesures de précaution permettent souvent de stimuler plutôt que d'étouffer l'innovation."
Source : http://www.eea.europa.eu/...
Lire aussi sur notre site nos rubriques Gouvernance et Risques.
Fiche initialement créée en novembre 2013
Risques associés aux nanotubes de carbone
Risques associés aux nanotubes de carbone
Par l'équipe Avicenn - Dernier ajout janvier 2021Cette fiche a vocation à être complétée et mise à jour. Vous pouvez contribuer à l'améliorer en nous envoyant vos remarques à l'adresse redaction(at)veillenanos.fr.
En mai 2014, l'Agence française de sécurité sanitaire (ANSES) a préconisé un classement des nanotubes de carbone comme substances dangereuses afin que soient mises en place des mesures de restriction d'usage voire d'interdiction de l'utilisation de certaines applications grand public1.
En 2015, la Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO) a alerté sur les risques liés à la production de nanotubes de carbone par Arkema à Mont (Pyrénées-Atlantiques) en demandant l'arrêt des productions tant que l'innocuité des nanos n'est pas établie pour les salariés, les consommateurs et l'environnement2.
En novembre 2019, les nanotubes de carbone sont les premiers nanomatériaux à intégrer la SinList, liste de substances à remplacer d’urgence parce que trop dangereuses3.
Le même mois, l'agence européenne pour la santé et la sécurité au travail a attribué le Prix des bonnes pratiques "Lieux de travail sains" 2018-2019 à Atlas Copco Industrial Technique, une entreprise manufacturière suédoise qui a adopté une approche de précaution pour minimiser l’exposition des travailleurs aux nanotubes de carbone4.
En juillet 2020, l'ECHA a publié un rapport d'évaluation sur les nanotubes de carbone multi-parois (MWCNT), le graphite synthétique en forme de tube et enchevêtré, réalisé par l'Institut allemand pour la sécurité et la santé au travail (BAuA)5. Le rapport souligne que les informations requises au 1er janvier 2020 dans le cadre de REACH n'avaient pas encore été (suffisamment) remplies par les déclarants et que des mesures supplémentaires sont donc nécessaires, à commencer par un contrôle de conformité. Une fois que les données requises par REACH seront fournies par les entreprises, l'ECHA pourra décider si des informations supplémentaires sont nécessaires. L'ECHA presse les déclarants de mettre à jour leurs dossiers et/ou d'élaborer des propositions d'essais pour se conformer aux exigences de REACH.
En septembre 2020, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a publié une réglementation en matière de nouvelles utilisations importantes (SNUR) pour les nanotubes de carbone PMN P-15-54 libres (i.e non inclus dans une matrice)6, qui est entrée en vigueur le 16 novembre 2020. Toute personne désirant fabriquer, importer ou transformer, à des fins commerciales, ces nanotubes de carbone devra en aviser l’EPA au moins 90 jours avant, selon des modalités précisées ici.
En savoir plus
En français :
- Françoise Pons (Université de Strasbourg), Impact des caractéristiques physicochimiques sur l’effet inflammatoire et pro-allergisant respiratoires des nanoparticules manufacturées, présentation aux Rencontres scientifiques de l'Anses & de l'ADEME sur la qualité de l'air, 17 octobre 2019
- Flahaut E et al., Toxicité des nanotubes de carbone envers l'homme et l'environnement, Techniques de l'ingénieur, octobre 2018
- elektor, Les nanotubes de carbone à fibre longue sont cancérogènes, novembre 2017
- ANSES, Impacts des nanotubes de carbone sur la santé : relation structure effets inflammatoires, Hadj-Ziane-Zafour A., Bulletin de veille scientifique, n°32, octobre 2017
- CIRC, Monographie - Cancérogénicité des nanotubes de carbone, Vol.111, 2017
- Chakroun R, Influence sur les effets toxiques de l'exposition simultanée aux nanoparticules et aux métaux, Bulletin de veille scientifique n°30, ANSES, octobre 2016
- Dekali S, Nanotubes de carbone : nouvelles avancées sur les modèles d'exposition pour l'étude du danger sur la santé, Bulletin de veille scientifique n° 30, ANSES,octobre 2016
- Larue C, Où en est-on au sujet de l'écotoxicologie des nanotubes de carbone ?, Bulletin de veille scientifique n° 29, ANSES, septembre 2016
- CNRS, Nanoparticules de carbone : une meilleure évaluation de leur toxicité, 2 juin 2016
- Elgrabi D et al., Comment les nanotubes de carbone se dégradent-ils dans l'organisme humain ?, communiqué, Université Paris Diderot, 9 décembre 2015 (publication scientifique en anglais ici)
- Loïc Chauveau, À Paris, des nanotubes de carbone dans les poumons d'enfants asthmatiques, Sciences & Avenir, 23 octobre 2015
- "Nanotubes d'imogolite : un nouveau matériau modèle en nanotoxicologie ?" par Rose J et al., in Dossier du participant préparé pour la Restitution du Programme national de recherche environnement santé travail (PNREST), octobre 2015
- C. Endes et al., Des fibres de coton à la place de nanotubes de carbone, PNR 64, mai 2015
- La République des Pyrénées, Mont : les nanotubes de carbone dans le collimateur de la Sepanso, 25 février 2015
- Bourdiola F et al., Mesurer l'impact des nanotubes de carbone dans l'environnement, CNRS, janvier 2015
- Figarol A, Toxicité in vitro et propriétés physico-chimiques de nanotubes de carbone, thèse, Ecole nationale supérieure des Mines de Saint-Etienne, novembre 2014
- Flahaut E, Evaluation de l'impact environnement potentiel des nanotubes de carbone, Journées industrielles nanomatériaux, Armines, (vidéo), avril 2014
- Boudard D, Bio toxicité in vitro des Nanotubes de Carbone, Journées industrielles nanomatériaux, Armines, (vidéo), avril 2014
- AtouSanté, Toxicologie des nanotubes - Analogie nanotubes de carbone et amiante - Valeur limite d'exposition au poste de travail, mars 2014
- Techniques de l'Ingénieur, Atténuation de la toxicité des nanotubes de carbone grâce à la fonctionnalisation chimique, 10 janvier 2014
- ANSES, Avis relatif à "l'évaluation des risques liés au GRAPHISTRENGTH C100 réalisée dans le cadre du programme Genesis", 28 novembre 2013 (mis en ligne le 9 janvier 2014)
- Veillenanos, Effets des nanotubes de carbone sur la santé - Eviter de reproduire les erreurs de l'amiante, 26 nov. 2013
- Mouchet F. et al., Nanotubes de carbone : quels risques pour l'environnement ?, Biofutur, 32/347, 29-33, octobre 2013 : des travaux ont mis en évidence des effets de toxicité aiguë (mortalité, mobilité réduite) et chronique (inhibition de croissance), essentiellement liés à leur ingestion par les organismes exposés, mais à des concentrations qualifiées de non représentatives d'un point de vue environnemental (à partir de 10 mg/L).
- CNRS, Nanotubes de carbone longs, risques similaires à l'amiante ?, 15 janvier 2013
- ANSES, Toxicité et écotoxicité des nanotubes de carbone - Note d'actualité, État de l'art 2011-2012, novembre 2012
- ANSES, Avis sur "l'évaluation des risques liés au GRAPHISTRENGTH C100 réalisée dans le cadre du programme Génésis", (nanotubes de carbone), avril 2012
- Bulletins Electroniques Suède, Une étude suédoise nous avertit des risques que les nanotubes de carbone peuvent avoir sur la santé, 7 mars 2011
- HCSP, Avis relatif à la sécurité des travailleurs lors de l'exposition aux nanotubes de carbone, Saisine du 16 juin 2008 du directeur général de la Santé, 7 janvier 2009.
- INRS, Les nanotubes de carbone : quels risques, quelle prévention ?, Note documentaire, 2008
En anglais :
- Understanding the Broad Class of Carbon Nanotubes and Nanofibers (CNT/F) Used or Produced in U.S. Facilities, Erdely A et al., NIOSH Science blog, 5 janvier 2021
- Significant New Use Rules on Certain Chemical Substances (20-1.5e) - § 721.11467Carbon nanotubes (generic), EPA, 17 septembre 2020
- Science for Environment policy, Incinerating nano-enabled thermoplastics linked to increased PAH emissions and toxicity, European Commission DG Environment News Alert Service, 508, 24 mai 2018
- Laux P et al., Challenges in characterizing the environmental fate and effects of carbon nanotubes and inorganic nanomaterials in aquatic systems, (Critical Review), Environ. Sci.: Nano, 5, 48-63, 2018
- Liné C, Carbon nanotubes: Impacts and behaviour in the terrestrial ecosystem - A review, Carbon, 123 : 767-785, octobre 2017
- Chernova T et al., Long-fiber carbon nanotubes replicate asbestos-induced mesothelioma with disruption of the tumor suppressor gene, Current Biology, 27( 21), 3302–3314, novembre 2017 (voir le résumé en français : Les nanotubes de carbone à fibre longue sont cancérogènes, elektor, novembre 2017)
- Mottier A et al., Environmental impact of engineered carbon nanoparticles: from releases to effects on the aquatic biota Environmental impact of engineered carbon nanoparticles: from releases to effects on the aquatic biota, Current Opinion in Biotechnology, 46, 1-6, août 2017
- Carbon nanotubes: Impacts and behaviour in the terrestrial ecosystem - A review, Liné C et al., Carbon, 123 ; 767-785, juillet 2017
- IARC, IARC Monographs - Some Nanomaterials and Some Fibres, Volume 111, 2017
- OCDE, Single-Walled Carbon Nanotubes, juillet 2016
- Mottier A et al., Surface Area of Carbon Nanoparticles: A Dose Metric for a More Realistic Ecotoxicological Assessment, Nano Letters, 16 (6) : 3514-3518, 2016
- Polimeni M et al., Multi-walled carbon nanotubes directly induce epithelial-mesenchymal transition in human bronchial epithelial cells..., Particle and Fibre Toxicology, 13 :27, juin 2016
- Zeng W et al., The influence of inhaled multi-walled carbon nanotubes on the autonomic nervous system, PF&T, 13:8, 2016
- Elgrabli D et al., Carbon Nanotube Degradation in Macrophages: Live Nanoscale Monitoring and Understanding of Biological Pathway, ACS Nano, 9 (10) : 10113-10124, 2015
- Schubauer-Berigan MK et al., Epidemiologic studies of U.S. workers handling carbon nanotubes: the interface between exposure and health, NIOSH (USA), diaporama présenté à l'atelier "Quantifying Exposure to Engineered Nanomaterials Workshop", juillet 2015
- Grosse Y et al, Carcinogenicity of fluoro-edenite, silicon carbide fibres and whiskers, and carbon nanotubes, 15(13) : 1427-1428, décembre 2014
- Vasyl Harik, Carbon Nanotubes and Safety, in Trends in Nanoscale Mechanics, août 2014, pp 197-211
- Powers C M et al. Sparking Connections: Toward Better Linkages Between Research and Human Health Policy - An Example with Multiwalled Carbon Nanotubes, Toxicological Sciences, 141(1) : 6-17, juin 2014
- Schierz A et al., Fate of single walled carbon nanotubes in wetland ecosystems, Environ. Sci.: Nano, 2014
- Czarny B et al., Carbon Nanotube Translocation to Distant Organs after Pulmonary Exposure: Insights from in Situ 14C-Radiolabeling and Tissue Radioimaging, ACS Nano, 8 (6) : 5715-5724, mai 2014
- IARC, IARC Advisory Group Recommends Multi-Walled Carbon Nanotubes as High Priority, 14 mai 2014
- The Lowell Center for Sustainable Production, Precarious Promise: A Case Study of Engineered Carbon Nanotubes, University of Massachusetts Lowell, mars 2014
- Gernand JM et Casman EA, A Meta-Analysis of Carbon Nanotube Pulmonary Toxicity Studies -How Physical Dimensions and Impurities Affect the Toxicity of Carbon Nanotubes, Risk Analysis, 34(3) : 583-597, mars 2014
- Siegrist KJ et al., Genotoxicity of multi-walled carbon nanotubes at occupationally relevant doses, Particle and Fibre Toxicology, 11:6, 2014
- Nymark P., et al., Free radical scavenging and formation by multi-walled carbon nanotubes in cell free conditions and in human bronchial epithelial cells, Particle and Fibre Toxicology, 11:4, 2014
- Sargent LM et al., Promotion of lung adenocarcinoma following inhalation exposure to multi-walled carbon nanotubes, Particle and Fibre Toxicology, janvier 2014, 11:3
- FIOH (Finlande), Evaluation of the health effects of carbon nanotubes, octobre 2013
- RISS (Japon), Guide to measuring airborne carbon nanotubes in workplaces, National Institute of Advanced Industrial Science and Technology (Japon), octobre 2013
- Mercer et al., Extrapulmonary transport of MWCNT following inhalation exposure, Particle and Fibre Toxicology, 10:38, août 2013
NB : NanoEHS, la base de données répertoriant les publications scientifiques sur les risques en nanotechnologies, mise à jour par the International Council on Nanotechnology (ICON) ne semble plus fonctionner (2016)
Lire aussi sur notre site :
- Notre rubrique Risques associés aux nanomatériaux et nanotechnologies, veillenanos.fr
- Nos fiches :
- nanotubes de carbone
- Pourquoi tant d'incertitudes sur les risques associés aux nanomatériaux ?
- Caractéristiques physico-chimiques et toxicité des nanomatériaux
- Effets des nanotubes de carbone sur la santé - Eviter de reproduire les erreurs de l'amiante, veillenanos.fr, novembre 2013
NOTES et REFERENCES
1 - Au vu des risques liés aux nanomatériaux, l'ANSES préconise un encadrement renforcé, veillenanos.fr, mai 2014
2 - Mont : les nanotubes de carbone dans le collimateur de la Sepanso, La République des Pyrénées, 25 février 2015 ; voir aussi ANSES, Avis relatif à "l'évaluation des risques liés au GRAPHISTRENGTH C100 réalisée dans le cadre du programme Genesis", 28 novembre 2013
3 - Cf. Avec sa SinList, l’ONG ChemSec alerte un public non expert sur les risques chimiques, Novethic, novembre 2019 et New chemicals on the SIN List challenge the global supply chain, ChemSec, novembre 2019
4 - Cf. Suède: protection des travailleurs contre les nanotubes de carbone potentiellement dangereux dans le secteur manufacturier, OSHA Europe, 2 novembre 2019
5 - Cf. SUBSTANCE EVALUATION CONCLUSION as required by REACH Article 48 and EVALUATION REPORT for Multi-walled Carbon Nanotubes (MWCNT), synthetic graphite in tubular shape and tangled, BAuA / ECHA, Juillet 2020
6 - Cf. Significant New Use Rules on Certain Chemical Substances (20-1.5e) - § 721.11467Carbon nanotubes (generic), EPA, 17 septembre 2020
Fiche initialement créée en décembre 2013