D'ici juin 2017, le gouvernement devra remettre au Parlement un rapport sur les nanomatériaux dans les médicaments et dispositifs médicaux. C'est ce que prévoit l'article 60 de la loi de modernisation de notre système de santé de janvier 2016.
Cet article introduit par Aline Archimbaud du groupe écologiste du Sénat devrait permettre de faire progresser l'information et la vigilance concernant les nanos dans le domaine médical.
Il y avait en effet, selon Les Entreprises du médicament (LEEM) début 2015, 157 médicaments de médecine humaine, 8 médicaments de médecine vétérinaire et 65 dispositifs médicaux constitués d'éléments "nano" mais très peu d'informations sur l'encadrement de leur utilisation. Or à notre connaissance, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) n'a toujours pas demandé de données issues du registre R-nano collectées dans le cadre de la déclaration obligatoire ! C'est pourtant l'un des très rares organismes à y avoir droit. Depuis son rapport de 2011 sur ce sujet, l'ANSM n'a pas communiqué sur l'utilisation des nanomatériaux dans les médicaments et dispositifs médicaux.
Pourtant les risques associés aux nanomatériaux méritent qu'une attention soigneuse leur soit apportée, faute de quoi les précautions ne peuvent être prises pour protéger les médecins, les personnels soignants ainsi que les patients contre leurs effets indésirables.
Nous avons appris par ailleurs qu'en avril 2016, des nanoparticules de métaux (manufacturées à dessein à l'échelle nano ?) avaient été détectées par le laboratoire italien Nanodiagnostics dans le vaccin Meningitec, utilisé pour combattre les méningites. Près de 700 familles françaises ont assigné en justice le laboratoire CSP (Centre Spécialités Pharmaceutiques), distributeur français du Meningitec, produit par le laboratoire américain Nuron. La députée européenne Michèle Rivasi a écrit à l'Agence européenne du médicament (EMA) et à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour demander la transparence quant à la présence de ces particules toxiques dans les médicaments et les vaccins mis sur le marché. L'ANSM avait annoncé la parution des résultats d'une contre-expertise en mai. Début juillet elle ne les avait pas encore communiqués.
Pour aller plus loin : Nanomédecine et NBIC dans le domaine médical : promesses et risques.
Nanomédecine, transhumanisme et NBIC dans le domaine médical : promesses et risques
Nanomédecine, transhumanisme et NBIC dans le domaine médical : promesses et risques
Par l'équipe Avicenn - Dernier ajout décembre 2019
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L'acronyme NBIC désigne la convergence des nanotechnologies (N) avec les biotechnologies (B), sciences de l'information (I), et sciences cognitives (C).
"De nouveaux progrès curatifs permettent encore à ceux qui n'ont pas une excellente longévité intrinsèque de grignoter quelques années de vie après 65 ans. Mais ces résultats ne sont rien au regard des mesures préventives connues sous le nom de règles hygiéno-diététiques. Celles-ci se résument à trois : la marche régulière, la restriction calorique et la suppression du tabac. Leurs résultats sont largement supérieurs à toutes les interventions pharmacologiques ou instrumentales dans la plupart des pathologies neurodégénératives, tumorales, cardio-vasculaires, infectieuses et locomotrices" - Luc Perino, extrait de "Refuser la mort peut être mortel", 8 juillet 2015, in Pour raisons de santé - La médecine et les faits. Sommaire
"Dans les années 1960, sous la présidence de Richard Nixon, l'administration américaine avait décrété la « guerre contre le cancer ». La promesse était « dans 10 ans, on aura gagné ». Beaucoup, beaucoup d'argent a été dépensé. Tout n'a certes pas été inutile, mais enfin cette guerre n'a pas été gagnée, de toute évidence" - Jean-Marc Lévy-Leblond, décembre 2015
La méthode scientifique, Nanomédecine : un médecin dans ma cellule, France Culture, 7 mars 2018 ("malgré ces promesses, bientôt 20 ans après ses débuts, le miracle médical prophétisé n’est pas encore advenu")
Documents plus "spécialisés" ou portant sur un aspect ciblé (voir aussi nos pages exclusivement dédiées aux Nano et médicaments et Nano et dentisterie) :
CERTOP, IMH, Cirimat, IPBS, Diabète Lab de la Fédération Française des Diabétiques, Association des Jeunes Diabétiques de Midi-Pyrénées, Projet de recherche : NanoBrique « Nanotechnologies, bénéfices et risques » – rapport final, patch de délivrance transdermale de l’insuline pour les diabétiques, utilisant les propriétés conductrices des nanotubes de carbone pour électro-stimuler la peau afin de la rendre temporairement perméable à l’insuline, janvier 2019
NanoTransMed : "Innovations en Nanomédecine: du diagnostic à l'implantologie", programme de recherche européen impliquant des scientifiques allemands, français et suisses de la région du Rhin Supérieur
Les publications du laboratoire canadien de biomatériaux pour l'imagerie médicale (BIM) informent sur l'usage de nanoparticles de silice et d'oxyde de gadolinium
Risques / Enjeux sociétaux posés par la nanomédecine, le transhumanisme et les NBIC dans le domaine médical
CERTOP, IMH, Cirimat, IPBS, Diabète Lab de la Fédération Française des Diabétiques, Association des Jeunes Diabétiques de Midi-Pyrénées, Projet de recherche : NanoBrique « Nanotechnologies, bénéfices et risques » – rapport final, patch de délivrance transdermale de l’insuline pour les diabétiques, utilisant les propriétés conductrices des nanotubes de carbone pour électro-stimuler la peau afin de la rendre temporairement perméable à l’insuline, janvier 2019
Frédéric Lagarce, professeur de biopharmacie et praticien hospitalier à Angers, janvier 2019 : Un article publié dans Nature Nanotechnology montre que les nanoparticules de dioxyde de titane, de silice et d'or peuvent induire des modifications de l'endothélium et donc une fuite de cellules tumorales, à l'origine de métastases. "Ce qui est intéressant / original c'est de montrer un risque potentiel des nanotechnologies dans le traitement des tumeurs alors que ces technologies sont souvent présentées comme la réponse pour améliorer les performances des anticancéreux. Il faudrait maintenant vérifier si ces modification endotheliales sont aussi retrouvées avec les nanoparticules polymères ou lipidiques, beaucoup plus utilisées pour encapsuler des actifs et cibler les tumeurs. Si cela était malheureusement le cas, toute la stratégie des nanomédecine (très orientée cancer) serait remise en cause".
La Tête au carré, Le transhumanisme ou l'homme augmenté, émission radio avec Jean-Michel Besnier, philosophe, Didier Coeurnelle de l'association Technoprog', Miroslav Radman, biologiste cellulaire et Sophie Coisne du magazine La Recherche, 20 mai 2015
Par l'équipe Avicenn - Dernière modification novembre 2019
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Selon Que Choisir, "4 000 médicaments contiennent le colorant E171" composé en partie de nanoparticules de dioxyde de titane. 60 Millions de consommateurs a apporté la confirmation par des tests de la présence de ces nanoparticules dans 6 médicaments très utilisés (Efferalgan - Upsa, Spasfon - Teva, Zyrtecset - UCB Pharma, Nurofen - Reckitt Benckiser, Doliprane enfant - Sanofi, Euphytose - Bayer).
Il s'agit là de nanoparticules sans visée thérapeutique (présentes dans le pigment blanc E171, utilisé comme colorant et/ou comme opacifiant dans le pelliculage des comprimés ou dans les capsules des gélules pour ses propriétés protectrices vis-à-vis des rayonnements UV), à dissocier des "nano-médicaments", quant à eux volontairement conçus à l'échelle nano dans le but de traverser des barrières physiologiques et d'apporter des substances actives plus rapidement et/ou plus précisément dans le corps.
Une pétition en ligne "Stop au dioxyde de titane cancérigène dans nos médicaments !" a été lancée en juin 2018 à l'attention de la ministre de la santé ; début novembre 2019 elle avait recueilli plus de 20 000 signatures.
Interrogé par Challenges, Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques du LEEM, l'organisation professionnelle des entreprises du médicament en France, considère lui que "l'excipient E171 assure la stabilité du médicament" et qu'il est donc "indispensable", par exemple pour assurer la stabilité thermique"1.
Ceci dit, des marques promeuvent désormais des enrobages de médicaments sans TiO22. Et en mai 2019, Sanofi a confirmé réfléchir à substituer le dioxyde de titane de ses médicaments3.
Depuis sa publication de 2011 sur l'Évaluation biologique des dispositifs médicaux contenant des nanomatériaux, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) n'a pas beaucoup communiqué sur le sujet des nano dans les médicaments. Selon le Ministère des solidarités et de la santé en 2018, l'ANSM a saisi l'agence européenne des médicaments ; des travaux seraient actuellement en cours sur l'ensemble des excipients sous forme nanométrique, entrant dans la composition des médicaments autorisés.
L'article 60 de la loi de modernisation de notre système de santé a prévu que le gouvernement remette au Parlement, à l'été 2017, un rapport sur les nanomatériaux dans les médicaments et dispositifs médicaux. En juillet 2018, le ministère de la santé avait annoncé sa publication prochaine.
Fin 2019, nous n'avons toujours aucune trace de ce rapport et malgré ses nombreuses relances auprès du ministère de la santé, Avicenn n'avait pas réussi à avoir plus d'infos, sinon que le rapport, réalisé par l'ANSM, serait finalisé et en cours de validation interministérielle... depuis au moins un an décembre 2017 !
Mi-février 2019, APMnews révélait les grandes lignes du rapport qu'il a pu se procurer : le rapport (toujours pas public) recommanderait de faire évoluer et de renforcer la réglementation sur les médicaments et les dispositifs médicaux comprenant des nanomatériaux.
A suivre donc...
Arnaud Pallotta et Jordan Beurton, Nanoparticules et médicaments, Festival Pint of Science, Laboratoire Cible Thérapeutiques et Formulation – CITHÉFOR (Université de Lorraine), Nancy, 27 mars 2019
CNRS, Un nanomatériau délivre des médicaments sous lumière infrarouge, Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS, CNRS/Université de Strasbourg) et Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé (ICPEES, CNRS/Université de Strasbourg), 26 novembre 2018
Les dispositifs sont conçus et fabriqués de façon à réduire autant que possible les risques associés à la taille et aux propriétés des particules qui sont libérées dans le corps du patient ou de l'utilisateur, ou sont susceptibles de l'être, sauf si elles entrent en contact uniquement avec une peau intacte. Une attention particulière est accordée aux nanomatériaux.
Tous les dispositifs qui incorporent un nanomatériau ou qui en sont constitués relèvent:
de la classe III s'ils présentent un potentiel d'exposition interne moyen ou élevé,
de la classe IIb s'ils présentent un faible potentiel d'exposition interne, et
de la classe IIa s'ils présentent un potentiel d'exposition interne négligeable.
3 - Cf. intervention de René Labatut, Vice-président, directeur de la stratégie d’innovation technologique, Sanofi, lors du Forum NanoResp, Médicaments et vaccins : à quoi servent leurs nanoparticules ?, 20 mai 2019. En mai 2018, le plan de gestion des nanoparticules de TiO2 mis en place par Sanofi avait fait l'objet d'une présentation lors du forum SOFHYT sur les risques émergents.
Page initialement créée en janvier 2018