Sécurité alimentaire et santé des sols : les Nations Unies appellent à stopper le flux de micro et nano-plastiques dans l’environnement
Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a publié ce jour un “dossier prospectif” (“Foresight brief”) daté de juillet, qui alerte sur l’utilisation massive de plastiques dans le domaine de l’agriculture, et souligne leur impact néfaste sur la santé des sols, la biodiversité et notre sécurité alimentaire.
Ce Foresight brief, publié chaque année par l’agence afin de discuter de problématiques environnementales contemporaines spécifiques, conclut sur la nécessité d’adopter le principe de précaution et de développer des solutions ciblées pour stopper le flux de micro et nano-plastiques dans l’environnement.
L’agriculture, une source désormais importante de micro et nano-plastiques
L’évolution des pratiques agricoles vers un modèle intensif s’est accompagnée de l’utilisation croissante de plastique dans l’agriculture, et donc d’une augmentation de déchets polluants.
Le PNUE distingue les différentes provenances de ces micro et nano-plastiques dans les activités agricoles :
- décomposition des produits en plastique
- épandage de boues des stations d’épuration contaminées par des nanos et microplastiques.
- polymères qui servent à enrober des granulés d’engrais à diffusion lente et des semences.
Des risques pour notre santé et celle de l’environnement
Le dossier souligne également les risques environnementaux des micro et nano-plastiques, notamment sur la structure et l’activité des sols, et les risques sanitaires, dus notamment à l’impact de ces plastiques sur les chaînes alimentaires. Ce dossier fait écho à un rapport précédemment publié en décembre 2021 par l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), qui tirait déjà la sonnette d’alarme sur l’utilisation “désastreuse” (sic) des plastiques en milieu agricole et appelant à l’action afin de limiter drastiquement la menace qu’ils font peser sur la sécurité alimentaire, la santé humaine et l’environnement.
Un autre rapport publié en mai 2022 par l’ONG CIEL (Center of International Environmental Law) aborde plus spécifiquement l’utilisation grandissante d’engrais et de pesticides enrobés dans des polymères et leur propension à exacerber les effets néfastes déjà induits par l’utilisation de ces produits1Cf l’étude citée page 9 du rapport “Pesticide Encapsulation at the Nanoscale Drives Changes to the Hydrophobic Partitioning and Toxicity of an Active Ingredient,” Matthew Slattery, Bryan Harper, and Stacey Harper, Nanomaterials 9, no. 1 (January 2019). Menée en 2019 par des chercheurs de l’université d’état de l’Oregon, elle révèle qu’un insecticide classique dont l’ingrédient actif est encapsulé dans du plastique de taille nanométrique est plus toxique que l’application du même ingrédient actif avec une capsule en plastique plus grande ou sans aucune encapsulation..
Les recommandations du PNUE
Parmi ses recommandations, le PNUE appelle aujourd’hui les gouvernements à décourager l’utilisation de plastiques dans l’agriculture, en améliorant les réglementations et normes sur les produits agricoles -notamment les enrobages d’engrais et de semences.
En Europe, une restriction des micro et nano-plastiques en cours de discussion
En raison des craintes pour l’environnement et la santé humaine, l’ECHA a proposé en 2017 une restriction de grande ampleur pour les micro et nano-plastiques dans les produits mis sur le marché de l’UE/EEE afin d’éviter ou de réduire leur rejet dans l’environnement. Outre le secteur agricole qui représente la majeure partie des micro et nano-plastiques utilisés et générés, ceux-ci peuvent également être intentionnellement intégrés dans des mélanges utilisés dans des produits cosmétiques, de nettoyage, dans des peintures, etc..
En 2022, cette restriction n’est toujours pas en vigueur, freinée par le lobbying des industriels, qui ont notamment essayé d’exclure les nano-plastiques (<100 nm) de la portée de cette restriction. La récente proposition de la Commission européenne, qui nécessite de modifier la liste des substances faisant l’objet de restrictions en vertu de l’annexe XVII de REACH a été examinée lors d’une réunion à huis clos du comité REACH de la Commission le 23 septembre dernier. AVICENN reste attentive à l’évolution de cette restriction.
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Notes and references
- 1Cf l’étude citée page 9 du rapport “Pesticide Encapsulation at the Nanoscale Drives Changes to the Hydrophobic Partitioning and Toxicity of an Active Ingredient,” Matthew Slattery, Bryan Harper, and Stacey Harper, Nanomaterials 9, no. 1 (January 2019). Menée en 2019 par des chercheurs de l’université d’état de l’Oregon, elle révèle qu’un insecticide classique dont l’ingrédient actif est encapsulé dans du plastique de taille nanométrique est plus toxique que l’application du même ingrédient actif avec une capsule en plastique plus grande ou sans aucune encapsulation.