
Des nanoparticules de dioxyde de titane jusque dans le lait humain, animal ou encore infantile
La contamination aux nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) est encore plus généralisée qu’escompté. Des chercheurs de plusieurs laboratoires français en ont retrouvé dans tous les laits testés : laits infantiles, laits maternels humains et les laits de vache, de chèvre et d’ânesse.
Une contamination quasi généralisée
Dans un communiqué publié ce 23 juillet, l’INRAE dévoile les résultats d’une étude menée en partenariat avec l’AP-HP, le synchrotron SOLEIL et le CNRS publiés le même jour dans Science of the Total Environment. Ils ont mis en évidence la présence de nanoparticules de titane (TiO2) :
- dans 100 % des laits animaux (frais ou en poudre, issus de vaches, d’ânesses ou de chèvres, en agriculture biologique ou conventionnelle)
- et dans 83 % des laits infantiles analysés (issus du commerce, du 1er au 3e âge, en agriculture biologique ou conventionnelle).
L’étude confirme que les particules de TiO2 peuvent passer la barrière de la glande mammaire. Elles ont été détectées dans les laits maternels de 10 femmes volontaires et des dizaines – voire centaines – de millions de particules de titane par litre dans les laits animaux.
Le lait industriel n’est pas exempt de contamination : jusqu’à près de 4 milliards de particules de titane ont été détectées par litre de lait infantile.
Des résultats très préoccupants
Les résultats ont été très largement relayés dans les médias, grâce à une dépêche AFP. Le journal Le Monde, qui a sollicité l’avis d’AVICENN, rapporte nos propos : « Ces résultats sont très préoccupants. Le principe de précaution devrait conduire les autorités à suspendre l’autorisation de cette substance pour les usages non essentiels susceptibles de conduire à une exposition environnementale et humaine ».
→ AVICENN espère aussi que cette étude permettra de débloquer des financements pour des études supplémentaires sur le dioxyde de titane par des laboratoires académiques indépendants : comme cette substance a été interdite dans l’alimentation, certains bailleurs ont cru, un peu trop vite, que la question était réglée… Mais c’est ignorer que le TiO2 est encore très utilisé dans de nombreux secteurs et que des restrictions ont été demandées en vain jusqu’à présent*. Or les laboratoires universitaires manquent de financements pour étayer les études de toxicité déjà menées :
* en particulier dans les cosmétiques (où il est parfois étiqueté sous le nom de code CI77891) et dans les médicaments (autre code E171).

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- Ecole thématique du Groupement de recherche NaMasTE (Nanomatériaux Manufacturés, Toxicologie, Écotoxicologie et Risques : vers un développement maitrisé)
- Public : ingénieurs, chercheurs (contractuels et permanents), doctorants, industriels et membres d’associations travaillant sur les nanomatériaux
- Au programme : physico-chimie, biologie, et sciences environnementales nécessaires pour appréhender les aspects clefs liés au développement maitrisé des nanomatériaux.
→ approches de Safer-by-design, qui intègrent l’analyse de la production, la caractérisation des propriétés, le devenir, et les impacts (bénéfiques ou néfastes) des nanomatériaux et des produits qui les contiennent tout au long de leur cycle de vie - Dates : 5 au 10 octobre 2025
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- 16h – Table ronde sur la manipulation de l’information scientifique et la défense des lanceurs d’alerte animée par Raphaël Lévy (professeur de physique à l’université Sorbonne Paris Nord, spécialiste des nanoparticules et de leurs utilisations en biologie, coordinateur du projet ERC NanoBubbles dédié à la recherche sur les mécanismes de correction de la science), avec :
- Maud Bernisson, post-doctorante au LISIS (CNRS), membre du projet ERC NanoBubbles, sur les mécanismes d’influence des entreprises pharmaceutiques dans le champ scientifique
- Marc Samama, professeur, anesthésiste-réanimateur, co-président de la Commission des blocs et plateaux techniques de la CME de l’AP-HP, past Editor-in-Chief de l’European Journal of Anaesthesiology, directeur de l’Office de l’Intégrité Scientifique de l’AP-HP
- Solène Lellinger, maîtresse de conférences en Histoire et philosophie de la santé à l’université Paris Cité, spécialisée sur la socio-histoire du médicament et son intersection avec les pratiques médicales, et en particulier les modes de production des connaissances et informations concernant le médicament.
- Cécile Barrois de Sarigny, adjointe à la Défenseure des Droits, chargée de la protection des lanceurs d’alerte.
- Avec le soutien du projet ERC Synergy NanoBubbles
- Site internet : https://u-paris.fr/sante/irene-frachon-a-paris-une-conference-et-une-table-ronde-sur-lintegrite-scientifique