Please be aware that this is a machine translation from French to English. AVICENN is not responsible for incorrect or inaccurate translations but welcomes suggestions for reformulation.

VeilleNanos - Quels risques pour les travailleurs exposés ?

Quels risques pour les travailleurs exposés ?

image
Actus
+ de fiches
Agenda

Quels risques pour les travailleurs exposés ?

Par l’équipe AVICENN – Dernière modification janvier 2024

Propriétés nouvelles, risques nouveaux ?

A l’échelle nanométrique, les matériaux peuvent manifester des propriétés renforcées ou nouvelles dont certaines peuvent être dangereuses pour les travailleurs exposés (plus forte réactivité, explosivité, inflammabilité, …).

Parmi eux, les potentiels d’émission et d’exposition professionnelle aux aérosols lors d’opérations mettant en œuvre des nanomatériaux ont été considérés comme l’un des principaux risques émergents sur les lieux de travail depuis au moins 2009 par l’EU-OSHA1Cf. Workplace Exposure to Nanomaterials, EU-OSHA, European Agency for Safety and Health at Work, 2009

Des risques encore mal cernés

Les répercussions que l’exposition aux nanomatériaux manufacturés peut avoir sur la santé humaine sont encore largement méconnues et entachées d’incertitudes.

Les connaissances portant plus spécifiquement sur les effets sur la santé des travailleurs sont encore davantage limitées.

Les études toxicologiques rares et limitées

La rareté et les limites des études toxicologiques ne permettent pas d’entrevoir de réponses simples et univoques sur les risques des nanomatériaux à court terme. Jusqu’à récemment notamment, peu d’études portaient sur l’inhalation des nanomatériaux alors que c’est la voie d’exposition professionnelle la plus probable et la plus préoccupante pour les travailleurs exposés2Voir notre fiche sur les portes d’entrée & le devenir des nanomatériaux dans le corps humain. Cette voie est cependant davantage prise en compte maintenant. Il reste néanmoins que les effets néfastes observés dans de nombreuses études toxicologiques sont souvent contestés ou minimisés par des industriels qui se retranchent derrière l’attente de résultats probants issus d’études épidémiologiques… afin de jouer la montre.

Une exposition difficile à mesurer 

Malgré le développement d’instruments plus performants (en termes de sensibilité, reproductibilité, souplesse) et l’amélioration des connaissances3Voir notamment les travaux de l’INRS sur les nanomatériaux, les mesures aux postes de travail ne sont pas effectuées de façon systématique et simple. Cela nécessite des équipements performants souvent complexes à mettre en œuvre, coûteux, combinant plusieurs techniques ainsi que des compétences techniques qui sont encore rares.

Les études d’épidémiologie rarement de bonne qualité

Des effets qui peuvent prendre des années à apparaître

Les effets sur la santé des travailleurs peuvent prendre de nombreuses années avant d’apparaître, après une période d’exposition répétée et un temps de latence relativement longs entre la fin de l’exposition et la date de début des symptômes ou de la découverte de la maladie4« Des effets chroniques – comme les infections pulmonaires et circulatoires – peuvent mettre des décennies à se manifester et être diagnostiquées » – Aída Maria Ponce Del Castillo (ETUI), Les nanomatériaux sur le lieu de travail, Quels enjeux pour la santé des travailleurs ?, mai 2013. Ces affections ne revêtent pas nécessairement de caractère spécifique, rien ne permettant alors de les distinguer d’une autre origine, notamment extra-professionnelle. 

Difficile d’établir un lien clair de cause à effet entre exposition professionnelle aux nanos et pathologies

Le lien de cause à effet est d’autant plus difficile à déterminer que les travailleurs sont souvent exposés à de multiples substances chimiques :

  • sur leur lieu de travail, avec des interactions entre nanos et substances chimiques « classiques » et parfois dangereuses difficilement identifiables et maîtrisables (on parle alors d’« effet cocktail »).
  • dans la vie de tous les jours, via une exposition non professionnelle aux nanos et substances chimiques que subit l’ensemble de la population générale via l’alimentation, l’eau, les cosmétiques, la pollution atmosphérique, etc.

En attendant, faute de données toxicologiques, épidémiologiques et biomédicales incontestables, des matières premières sous forme nanométrique continuent à être manipulées par des travailleurs sans information préalable. Les autorités françaises ont pourtant reconnu que « les efforts doivent être poursuivis pour améliorer la connaissance et permettre, en particulier, d’affiner l’évaluation des effets et des risques »5Réponse des autorités françaises à la consultation publique « Towards a strategic nanotechnology action plan (SNAP) 2010-2015 », mars 2010. Des travaux sur les risques liés à l’exposition professionnelle aux nanos sont menés au sein de plateformes spécialisées sur les risques nano à l’INERIS, à l’INRS, au CEA. 

Des signaux néanmoins inquiétants

Bien que lacunaires, les données dont on dispose sont plutôt inquiétantes : les nanomatériaux inhalés peuvent en effet se diffuser dans l’organisme, se transformer d’un point de vue physico-chimique, s’accumuler ensuite dans certains organes, dans le sang et à l’intérieur des cellules6Voir notre fiche sur les portes d’entrées et le devenir des nanos dans le corps humain  et y causer des perturbations voire des effets néfastes (réaction inflammatoire pulmonaire ; fibrose pulmonaire ; risques de cancer du poumon en cas d’inhalation de nanoparticules de dioxyde de titane et des nanotubes de carbone7Voir notre bibliographie « Nanomatériaux et santé au travail » et en particulier :
– Amatore C., La taille et la géométrie des nanofibres inhalées pourraient être seules responsables du développement de fibroses pulmonaires, CNRS, janvier 2024 (publication académique : ROS/RNS Leakage During Frustrated Phagocytosis of Glass Nanofibers Characterized by Nanosensor and its Implications on Lung Injury, Qi YT et al., Nature Nanotechnology, January 2024)
– Barthel et al., Needlelike, short and thin multi-walled carbon nanotubes: comparison of effects on wild type and p53+/− rat lungs, Nanotoxicology, 2023
– Barthel et al., Continuous Long-Term Exposure to Low Concentrations of MWCNTs Induces an Epithelial-Mesenchymal Transition in BEAS-2B Cells, 11(7), Nanomaterials, 2021
).

Dès 2014, l’Agence nationale française de sécurité sanitaire (ANSES) avait préconisé le classement des nanomatériaux comme substances dangereuses dans le cadre de la réglementation européenne CLP8Evaluation des risques liés aux nanomatériaux – Enjeux et mise à jour des connaissances, ANSES, avril 2014 (mis en ligne le 15 mai 2014).

Le risque d’incendie et d’explosion est également particulièrement inquiétant (tout particulièrement pour les nanoparticules d’aluminium, de magnésium ou de lithium ainsi que pour les nanotubes de carbone)9Voir notamment :
Nanomatériaux dans le transport et l’habitat : Quels sont les risques liés à la dégradation thermique ?, Simon Delcour, LNE, wébinar, juin 2019
Army scientists have a blast with aluminum nanoparticles, U.S. Army Research Laboratory, 7 juin 2018
.  

Quelles similarités avec l’amiante?  

Chez l’animal, des effets semblables à ceux de l’amiante ont été observés : des rats en laboratoire ont développé un mésothéliome à la suite à une exposition à certains types de nanotubes de carbone. La toxicité des nanotubes de carbone a été précisée par de nombreux travaux, tous n’ont pas le même potentiel de dangerosité. Plus ils sont longs et fins, plus ils sont dangereux10Voir notre fiche sur les risques des nanotubes de carbone. Comme dans le cas de l’amiante, on redoute les conséquences d’une absence de prévention car les effets sur la santé ne sont susceptibles d’apparaître que plusieurs années – voire décennies – après l’exposition aux nanomatériaux… d’où la nécessité de protéger les travailleurs et de mettre en place un dispositif de suivi de leur état de santé sur le long terme.

Divers cas de pathologies déjà rapportés 

Plusieurs cas de pathologies observées chez des travailleurs exposés aux nanoparticules ont néanmoins déjà été rapportés :

Quelques exemples de 2009 à 2017

A noter, fin 2017, une « première » juridique en Europe sur l’exposition professionnelle aux nanoparticules : un juge espagnol a considéré qu’un travailleur ayant subi une greffe de rein ne doit pas être affecté à un poste exposant aux nanomatériaux15Prevecion integral, Primera sentencia en Europa sobre exposición a nanopartículas, 15 décembre 2017 (Una juez de Pamplona decide, en una sentencia admirable, que un trasplantado de riñón es especialmente sensible a las nanopartículas). Cet avis pourrait avoir des répercussions notables dans les années à venir.

Quelle vigilance ?

Une protection trop limitée des travailleurs exposés aux nanomatériaux

Il y a une dizaine d’années, les entreprises, en France comme à l’étranger, étaient très peu à même de protéger la santé et de la sécurité de leurs travailleurs par rapport aux risques nanos16Voir notamment :
– C.D. Engeman et al., Governance implications of nanomaterials companies’ inconsistent risk perceptions and safety practices, Journal of Nanoparticle Research, 14 (3), 1-12, Février 2012
– INRS, Repérage des salariés potentiellement exposés aux nanoparticules, Références en Santé au travail, n°132, Décembre 2012
– Conti J.A. et al. Health and safety practices in the nanomaterials workplace: results from an international survey, Environmental Science & Technology, 42 (9), 3155-3162, 2008
. La situation s’améliore lentement : des équipements de protection individuelle (EPI) et des équipements de protection collective sont progressivement mis en place, pour les personnels des laboratoires de recherche et développement notamment. Ces questions de sécurité d’utilisation et risques pour la santé commencent à être davantage prises en compte, mais il y a encore fort à faire : les efforts doivent être intensifiés.

Des entreprises peu enclines à participer aux efforts de recherche sur les risques

En avril 2019, l’INRS a lancé un premier appel aux entreprises utilisatrices de silices amorphes pour une recherche en santé au travail : « Exposition professionnelle aux silices amorphes nanostructurées : biomarqueurs d’effets précoces » (2019-2022). Faute de réponses en nombre suffisant, l’INRS a dû lancer un nouvel appel deux ans et demi plus tard, en septembre 2021… Aura-t-il permis de recruter davantage d’entreprises ? C’est à l’aune de ce type de démarches que se mesure le décalage entre l’affichage et la réalité du concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE)…

Trop peu de préconisations pratiques et directement applicables

En dehors des publications de l’INRS, du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) ou de l’agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU OSHA)17Voir notre bibliographie « Nano et Santé au travail », rares sont les recommandations opérationnelles dont disposent ces professionnels : jusqu’à présent, aucune conduite à tenir, recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) ou des sociétés savantes n’a été publiée. 

Les professionnels de santé au travail intervenant dans les entreprises se posent de nombreuses questions : où sont les nanos ? comment identifier les dangers ? comment évaluer les expositions ? quel suivi médical mener ? etc. Leur constat est unanime : intervenir et conseiller, c’est compliqué ; il existe une méconnaissance globale des risques liés aux nanos. Ces professionnels soulignent être isolés sur le terrain, manquer d’informations, avoir peu de partenaires. Cela ne doit toutefois pas conduire à l’inaction.

Nombre de ces professionnels en santé au travail  (médecins du travail, infirmiers, techniciens ou conseillers en prévention) ont rejoint depuis 2016 des groupes de travail sur le repérage et la prévention des risques liés aux nanomatériaux, constitués dans le cadre des plans régionaux santé travail (PRST).
Des outils permettant de guider l’action ont été établis et diffusés en région Bourgogne Franche Comté, en Pays de la Loire, en Auvergne Rhône Alpes et en Nouvelle Aquitaine. Dans les entreprises de Nouvelle Aquitaine un réseau de « référents nano » a été mis en place dans les services de santé au travail des 12 départements de cette grande région, avec 4 axes prioritaires : la traçabilité des expositions, l’information et la formation sur les risques, la conseil pour réduire au plus bas les expositions, la surveillance médicale et la veille sanitaire.

Les syndicats, tout particulièrement la CFDT, organisent des temps de sensibilisation / formation aux risques nanos, en lien avec l’INRS et AVICENN.

Une nécessité : intensifier les efforts !

Tous ces éléments réunis conduisent à préconiser la plus grande vigilance, principe de précaution oblige. L’enjeu est de taille : il s’agit ni plus ni moins d’éviter de renouveler les erreurs du passé : si les effets cancérigènes de l’amiante ont été démontrés dans les années 1930, il a fallu attendre les années 1990 pour que les premières lois d’interdiction entrent en vigueur…

Une question, une remarque ? Cette fiche réalisée par AVICENN a vocation à être complétée et mise à jour. N'hésitez pas à apporter votre contribution.

Les prochains RDV nanos

18
Nov.
2024
Harmonisation & standardisation des méthodes de tests pour les nanomatériaux et les matériaux avancés (MACRAMÉ & nanoPASS, en ligne)
En ligne
Atelier
20
Nov.
2024
Les nanotechnologies : un exemple de prévention du risque chimique en milieu industriel (ATC, Paris)
Paris
Formation
  • Module dispensé dans le cadre de la formation « Interactions entre les produits chimiques toxiques et l’organism humain » accessible à toute personne possédant un niveau de formation scientifique de base (niveau licence ou expérience professionnelle).
  • Organisateur : Association Toxicologie Chimie (ATC)
  • Intervenante : Chantal Fresnay, Ingénieure-Hygiéniste, Thales, Palaiseau
  • Site internet : https://www.atctoxicologie.fr/notre-formation.html
21
Nov.
2024
Maîtrise des risques liés aux nanomatériaux (CEA, Grenoble – France)
Grenoble
Formation
  • Sensibilisation destinée aux personnels au contact de nanomatériaux en phase de recherche, formulation, production, maintenance, nettoyage, entretien… ainsi qu’aux animateurs ou ingénieurs de sécurité, chefs d’installation, chefs de laboratoires où sont manipulées des nanoparticules.
  • Organisateur : INSTN Grenoble (CEA)
  • Au programme : impact potentiel sur la santé ; métrologie et protections ; maîtrise des risques potentiels liés aux nanomatériaux ; prise en compte des aspects sociétaux
  • Site internet : https://instn.cea.fr/formation/maitrise-des-risques-lies-aux-nanomateriaux-sensibilisation

Fiche initialement mise en ligne en juillet 2015


Notes and references

Notre veille, nos informations et nos actions ont besoin de vous pour durer !