La suppression du dioxyde de titane dans les dentifrices s’accélère
Le dioxyde de titane a été retiré d’une cinquantaine de dentifrices en 2 ans. Si certaines marques sont à la traîne, la plupart ont commencé à l’enlever de leurs dentifrices et certaines l’ont même déjà complètement banni.
Face aux alertes sanitaires, une veille active des associations
En mai 2023, deux publications de l’INRAE avaient remis à l’agenda les risques de l’exposition orale aux nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2), montrant notamment que les nanoparticules de TiO2 peuvent passer directement dans le sang via les muqueuses de la bouche, et détériorer l’ADN des cellules buccales humaines exposées.
Interdit depuis 2020 dans l’alimentation à cause de son potentiel génotoxique, le TiO2 est pourtant paradoxalement toujours autorisé* et utilisé comme colorant dans les dentifrices (et dans les médicaments).
* À noter : le TiO2 est autorisé, jusqu’à nouvel ordre, dans les dentifrices mais uniquement à l’état “macro” : les nanoparticules de TiO2, elles, ne sont PAS autorisées comme colorant (le TiO2 nano n’est autorisé que comme filtre UV, sous certaines conditions).
Toutefois, certaines marques n’ont pas attendu pour supprimer d’ores et déjà le TiO2 de leurs dentifrices. Entre 2019 et 2021, l’association Agir pour l’Environnement avait mis en évidence le retrait du dioxyde de titane dans 23 références de dentifrices. Mi 2023, AVICENN a entrepris un repérage en ligne et dans des petites, moyennes et grandes surfaces pour vérifier si cette tendance à la baisse se poursuivait. Elle a également sollicité directement les marques les plus courantes.
De plus en plus de dentifrices sans dioxyde de titane
Bien qu’il soit difficile de réaliser une comparaison rigoureuse du fait de l’arrivée sur le marché de nouvelles références, il ressort de notre étude un constat clair : en 2023, le dioxyde de titane se fait de plus en plus rare dans les dentifrices. C’est là le résultat de démarches progressives de suppression initiées par quelques marques et enseignes il y a plusieurs années et qui se sont étendues à d’autres marques ou d’autres références de dentifrices plus récemment.
L’enseigne Casino compte parmi les précurseurs : elle s’était engagée à retirer le dioxyde de titane de tous ses produits dès 2018. L’un des leaders du marché, Signal nous a confirmé le retrait progressif et général, initié à partir de 2019, du TiO2 de toutes ses références (sans substitution)**. En 2020, Bio Naïa de Leclerc et Labell d’Intermarché l’avaient retiré dans l’ensemble de leurs références (bio et non bio). Et en 2021, aucun dentifrice Monoprix ne comportait de TiO2. Les dentifrices Fluocaril cosmétiques ont été reformulés en 2022**.
Les Laboratoires Vademecum ont également retiré le TiO2 en 2021 (en bio et non bio)** :
En juillet 2023, AVICENN a repéré une cinquantaine de dentifrices qui ne contiennent plus de TiO2 alors qu’ils en contenaient encore en 2021, portant à près de 75 le nombre de références dans lesquelles le TiO2 a été supprimé depuis 2019. Sans compter les très nombreux nouveaux dentifrices qui ont été formulés depuis sans TiO2 dès leur première mise sur le marché.
Les dentifrices bio ne contiennent plus de TiO2
Plus généralement, l’ensemble de la filière bio française propose désormais des dentifrices exempts de TiO2.
Dès 2019, Cosmebio avait conseillé à ses adhérents de supprimer le TiO2 de ses produits autres que les écrans solaires ou les maquillages. La Vie Claire nous a confirmé avoir retiré le TiO2 depuis 2021 de ses gammes historiques ; ses nouveaux dentifrices produits après cette date n’en ont jamais contenu. Biocoop refuse le dioxyde de titane dans ses produits cosmétiques (hors maquillage et solaire) depuis 2022.
Et depuis juin 2023, la nouvelle version 4 du référentiel COSMOS n’autorise le TiO2 que dans les produits de protection solaire et les cosmétiques décoratifs (maquillage, teintures pour cheveux) donc pas pour les dentifrices (ni les gels douche, savons, shampooings, etc.). De fait, même s’il ne constitue pas un examen systématique et exhaustif de toutes les références sur le marché français (en ligne notamment), notre repérage n’a pas identifié de dentifrices bio labellisé COSMOS affichant du TiO2 dans leur composition.
Les marques non bio suivent le mouvement
Outre les marques citées plus haut, la tendance à la suppression est très clairement observable chez Parodontax et, de façon nette aussi, même si plus poussive pour d’autres marques qui proposent désormais des dentifrices sans TiO2, même si ces dernière coexistent à côté d’autres références, souvent plus anciennes, contenant toujours du TiO2 (c’est le cas notamment de Colgate, Elmex, Email Diamant, Fluocaril, Oral-B, Parogencyl, Sanogyl, etc.). Le dioxyde de titane reste donc toujours présent dans la formulation de certains dentifrices (hors références bio labellisés COSMOS), mais bien moins qu’avant.
En définitive, l’accélération de la suppression s’observe presque partout… à quelques exceptions près. Quasiment tous les dentifrices de la marque Sensodyne en contiennent toujours par exemple, y compris dans leur dentifrice pour enfant (6-12 ans). Pour combien de temps encore ?
Jusqu’à écoulement des stocks
** En juillet 2023, AVICENN a encore repéré en magasin des dentifrices avec du TiO2 dans des références de marques qui se sont formellement engagées dans une démarche de suppression – par exemple Fluocaril, Signal ou Vademecum : probablement des stocks d’anciens dentifrices avant leur reformulation…
Nom de code : CI77891
Si vous souhaiter identifier le dioxyde de titane (TiO2) dans les cosmétiques, sachez qu’il peut être libellé autrement que par la mention « dioxyde de titane » : cherchez alors « titanium dioxide » ou encore « CI77891 » (l’équivalent du code E171 qui, lui, concerne le TiO2 dans l’alimentaire – interdit depuis 2020 – ou les médicaments, mais pas les cosmétiques). Une loupe peut parfois s’avérer utile !
La presse et d’autre acteurs en parlent
Notre repérage a été relayé dans les médias (Reporterre, Fémina, 60 millions de consommateurs, ConsoGlobe, …), par le secteur associatif (Agir pour l’Environnement, Association Santé Environnement France – ASEF) o) ou cosmétique (Cosmébio), ou encore par des professionnel·es de santé et santé environnementale (Alice Baras, Tania Pacheff).
Les autres actus sur le sujet…
Les prochains RDV nano
- Second Harmonisation & Standardisation of Test Methods for Nanomaterials and Advanced Materials Workshop (Webinar)
- Organizers: Horizon Europe projects iCare, MACRAMÉ and nanoPASS, in collaboration with the Malta Initiative
- Dates : 18 et 19 novembre 2024
- Website: https://macrame-project.eu/macrame-meetings-workshops/#HS-Workshop2
- Module dispensé dans le cadre de la formation « Interactions entre les produits chimiques toxiques et l’organism humain » accessible à toute personne possédant un niveau de formation scientifique de base (niveau licence ou expérience professionnelle).
- Organisateur : Association Toxicologie Chimie (ATC)
- Intervenante : Chantal Fresnay, Ingénieure-Hygiéniste, Thales, Palaiseau
- Site internet : https://www.atctoxicologie.fr/notre-formation.html
- Sensibilisation destinée aux personnels au contact de nanomatériaux en phase de recherche, formulation, production, maintenance, nettoyage, entretien… ainsi qu’aux animateurs ou ingénieurs de sécurité, chefs d’installation, chefs de laboratoires où sont manipulées des nanoparticules.
- Organisateur : INSTN Grenoble (CEA)
- Au programme : impact potentiel sur la santé ; métrologie et protections ; maîtrise des risques potentiels liés aux nanomatériaux ; prise en compte des aspects sociétaux
- Site internet : https://instn.cea.fr/formation/maitrise-des-risques-lies-aux-nanomateriaux-sensibilisation