L’INRAe alerte sur de nouveaux effets néfastes liés à l’exposition orale au dioxyde de titane

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Publiés à quelques jours d’intervalle, deux articles de l’INRAe alertent sur l’exposition orale au dioxyde de titane qui, bien qu’interdit dans l’alimentaire en Europe, reste encore très présent dans les dentifrices et les médicaments.

La bouche, première porte d’entrée et première cible des nanoparticules de TiO2

Dans un article publié ce jour dans la revue Nanotoxicology1Voir aussi le communiqué de presse de l’INRAe en français des chercheurs de l’INRAe et du LNE apportent des données très importantes à deux égards :

  • d’une part, ils montrent que les nanoparticules de dioxyde de titane peuvent passer directement dans le sang via les muqueuses de la bouche ;
  • d’autre part, ils font état d’une détérioration de l’ADN des cellules buccales humaines exposées in vitro aux mêmes nanoparticules de TiO2.

Pour rappel, des travaux antérieurs de l’INRAe et d’autres équipes de recherche avaient montré la distribution de nanoparticules dans le corps et jusqu’au foetus ainsi que des effets potentiellement cancérigènes au niveau du colon notamment.

Ces nouveau travaux soulignent l’importance de prendre en compte l’exposition directe via la cavité buccale aux nanoparticules de dioxyde de titane lors de l’évaluation des risques chez l’être humain, non seulement pour les produits alimentaires, mais aussi pour les dentifrices et dans les médicaments – en particulier ceux sous formes oro-dispersibles (ceux que l’on fait fondre sous la langue).

Si une partie des nanoparticules de TiO2 passe dans le sang dès leur entrée par la bouche, que se passe-t-il pour celles qui parviennent jusqu’à l’intestin ?

Dans l’intestin, le TiO2 est susceptible d’entraîner des troubles favorisant le diabète et l’obésité

Dans un article publié quelques jours plus tôt dans Environmental Pollution2Voir aussi, en français Interactions du dioxyde de titane alimentaire avec l’axe microbiote-système immunitaire : un nouvel acteur dans le développement de désordres métaboliques ? Lamas D et al., Cahiers de Nutrition et de Diététique, 58(1), février 2023, les chercheurs de l’INRAe rapprochent l’ingestion de dioxyde de titane alimentaire (l’additif E171) de certains troubles métaboliques à l’oeuvre dans des maladies comme le diabète ou l’obésité.

Les chercheurs ont compilé, analysé et synthétisé des études portant sur les effets d’une exposition orale au dioxyde de titane sur le microbiote et le système immunitaire de l’intestin. Ils ont rapproché ces effets des déséquilibres de la flore intestinale et de l’inflammation intestinale observées chez des patients obèses ou diabétiques. Il s’avère qu’une exposition chronique au TiO2 entraîne des modifications du microbiote qui se retrouvent chez les personnes obèses, ainsi que des désordres métaboliques (comme l’intolérance au glucose) qui pourraient favoriser le développement du diabète de type 2.

Du fait des enjeux sanitaires à la clé, les chercheurs de l’INRAe appellent à mieux étudier les effets encore insuffisamment explorés d’une exposition orale, chronique et à faibles doses, aux nanoparticules de dioxyde de titane sur le microbiote intestinal. Ils préconisent aussi de porter une attention plus poussée à l’exposition périnatale, particulièrement susceptible d’induire des altérations importantes. Ils recommandent enfin d’étudier l’exposition au TiO2 en association aux autres (nano)particules inorganiques alimentaires afin de mettre en place des stratégies de prévention et de remédiation.

Interdit dans l’alimentation en Europe depuis peu, le TiO2 reste pour l’instant encore autorisé dans les dentifrices et les médicaments, et hors Europe pour tout usage dans l’alimentation où son utilisation est exponentielle, notamment en Amérique du nord, malgré des interrogations croissantes, au Canada comme aux Etats-Unis. A noter : le E171 a été interdit au Yémen, au Qatar et en Arabie Saoudite en 2022, puis retiré de la liste des additifs autorisé par la Gulf Standardization Organization (GSO) le 28 février 2023 et il sera interdit dans le Bahreïn à compter d’octobre prochain.

Les prochains RDV nano

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Oct.
2025
Caractériser et prévenir les risques liés aux nanomatériaux manufacturés et particules ultrafines (INRS, Vandœuvre-Lès-Nancy – France)
Nancy
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  • Formation destinée aux médecins du travail, intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), préventeurs d’entreprise, agents des services prévention des Carsat, Cramif et CGSS, préventeurs institutionnels (Dreets, Dreal, MSA…)
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Notes and references