Nos tests de produits
Nos tests de produits
Par l’équipe AVICENN – Dernière modification décembre 2024
Contexte et objectifs
Au premier semestre 2021, IKEA avait retiré du marché ses nouveaux rideaux GUNRID “purificateurs d’air” : nos tests avaient montré la présence massive de nanoparticules de dioxyde de titane (cancérogènes suspectées pour l’Homme) à la surface des fibres… et une absence d’efficacité dépolluante.
En septembre 2021, nous avons entrepris de lancer des tests sur une vingtaine de produits de consommation courante, avec pour objectif premier d’objectiver la présence (ou non) de nanoparticules préoccupantes dans des produits du quotidien.
Notre démarche s’inscrit dans la volonté d’apporter une contribution concrète au 4ème Plan national santé environnement (PNSE 4) publié en 2021, dont l’action 13 vise notamment à :
- améliorer la connaissance sur l’usage des nanomatériaux
- contrôler et étendre les obligations d’étiquetage des nanomatériaux dans les objets du quotidien.
Notre démarche
Notre enquête s’est déroulée sur 15 mois :
- Entre septembre et octobre 2021, nous avons défini les critères de choix des produits : produits susceptibles de contenir des nanoparticules dont les dangers sont documentés, d’entrainer une exposition fréquente / chronique, d’être vendus à grande d’échelle, de toucher des populations variées, etc.
- Nous avons ensuite ciblé des produits,
- en sollicitant nos adhérents et abonnés,
- en réalisant des analyses documentaires (veillenanos.fr, the NanoDatabase, sites de vente en ligne > étiquetage, fiches techniques, FDS)
- En réalisant des repérages dans les supermarchés
- En sollicitant les autorités publiques, laboratoires de recherche et marques
- Fin 2021 / début 2022, nous avons envoyé une vingtaine de produits au Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE).
- Les tests se sont échelonnés entre fin 2021 et fin août 2022 au LNE, avec une réception du rapport d’analyses finalisé mi-octobre 2022.
- AVICENN a publié son rapport « En quête de [nanos] dans les produits du quotidien » le 15 décembre 2022. Les tests révèlent la présence de nanos non étiquetés, parfois même non autorisés, dans 20 produits du quotidien sur les 23 testés :
Les résultats : des nanos dans 20 produits sur 23
Des nanos ont été détectés dans 20 produits.
Les résultats par catégorie de produits
Les résultats par type de nanoparticules
Quels enseignements ?
Plus de nanos qu’escompté et de nouvelles interrogations…
Nous avons sélectionné des produits qui, bien que non étiquetés “nano”, étaient plus susceptibles que d’autres de contenir des nanos. Et pourtant nous avons été surpris de la forte proportion de produits contenant des nanos ainsi que d’en découvrir là où on ne s’y attendait pas.
Ces résultats interrogent sur l’ampleur de l’utilisation de nanos dans les produits du quotidien et montrent la pertinence – et même la nécessité – de recourir aux nouveaux outils existants et de sortir des sentiers battus en allant chercher des nanos dans des articles d’usage courant.
Bilan de l’étiquetage [nano] : un vrai fiasco !
Les résultats montrent à quel point l’étiquetage [nano] est éminemment défaillant.
Aucun des produits dans lesquels nous avons détecté des nanos n’est étiquetés [nano], alors même que la majorité d’entre eux sont couverts par l’obligation européenne d’étiquetage “nano” qui prévaut depuis près de dix ans pour les cosmétiques, les produits alimentaires , les produits biocides.
La présence de nanos dans d’autres catégories de produits souligne aussi la nécessité d’étendre l’obligation d’étiquetage [nano] aux catégories de produits qui ne sont malheureusement toujours pas concernées à ce jour.
Beaucoup de nanos non autorisés
Nos tests ont également mis en évidence, avec une ampleur insoupçonnée, le fait que des nanos sont communément utilisés alors qu’ils ne sont pas autorisés. C’est particulièrement le cas dans les produits cosmétiques et les produits d’hygiène et de santé.
Les demandes d’AVICENN en bref
Du fait des risques sanitaires et environnementaux associés aux nanomatériaux, AVICENN formule, à la fin du rapport, trois demandes :
1 – améliorer les connaissances sur les nanomatériaux commercialisés, notamment grâce à l’amélioration du registre r-nano (dix ans après sa création, ce registre reste en effet une vraie passoire) et la mise en place d’un registre européen des produits contenant des nanos ; mieux évaluer leurs risques, en mettant à contribution les entreprises qui en importent, produisent ou utilisent ;
2 – accroître la transparence sur ces nanomatériaux avec, entre autres, l’intensification des contrôles et des sanctions en cas de non-respect des obligations légales (qu’il s’agisse d’étiquetage, d’enregistrement, et/ou d’autorisation) ;
3 – développer la vigilance enfin, avec notamment la mise en place d’une obligation généralisée d’évaluation du rapport bénéfices/risques et de l’utilité collective des nanomatériaux AVANT leur mise sur le marché et avec la mise en place de mesures spécifiques concernant les nanos qui échappent à la nouvelle recommandation européenne de définition du terme “nanomatériau” : du fait de la transposition annoncée de cette dernière dans le règlement encadrant les cosmétiques et les « nouveaux aliments » en cours de révision, le risque est grand en effet que de nombreux nanos sortent des radars des autorités publiques !
Ils parlent de notre enquête
Dans les médias
- Presse européenne et internationale : Chemical Watch, RFI, BBN World News, Food Navigator, California 18, Il Salvagente, Il Ssusidario, Psychomédia, RTBF, the NanoDataBase, …
- Média nationaux : France inter (journal de 7h du 15 décembre), France info web, radio et TV, Le Monde, Que Choisir, 60 millions de consommateurs, Libération, La Tribune, 20 Minutes, Le Figaro, Les Echos, La Croix, L’Express, BFM, Ecoréseau, Syndicalisme Hebdo, Novethic, Reporterre, GEO, Planet, AllôDocteurs, Santé Magazine, Ca m’intéresse, Medisite, Pourquoi Docteur, Femina, Femme actuelle, Madame Figaro, Marie-Claire, …
- Média régionaux : France Bleu, Ouest France, Nice Matin, Var Matin, La Dépêche, …
A l’Assemblée nationale
Quatre questions écrites ont été posées au gouvernement suite à nos tests :
- Le 27 décembre 2022, dans sa question n°4492 écrite à l’attention du ministre de la santé, le député Renaissance Guillaume Vuilletet a invoqué « la nécessité de systématiser la recherche et le bannissement des nanoparticules dans les produits du quotidien ». Le député estime que « les risques sur la santé à moyen et long terme semblent largement sous-évalués, notamment en cas d’exposition chronique à des produits cumulant la présence de plusieurs nanoparticules en quantité importantes, comme certains produits cosmétiques ». M. Vuilletet souligne plus loin que que « le principe de précaution s’impose : l’exposition des consommateurs aux nanomatériaux doit être clairement limitée tant que leur innocuité n’a pu être démontrée ». Il interroge le ministre sur sa volonté d’« intensifier les contrôles et sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas l’obligation d’étiquetage et la pertinence de mettre en place la recommandation d’AVICENN, qui propose que les industriels participent au financement de recherches indépendantes pour mieux évaluer les risques liés aux nanomatériaux ».
- Trois autres questions ont été posées par la suite par d’autres députés :
- Le 31 janvier 2023, dans sa question écrite n°5046, le député Renaissance Karl Olive a demandé un « état des lieux de la réglementation en vigueur et des évolutions envisageables », ainsi que « les moyens mis en œuvre par le ministère et la direction de la consommation et de la répression des fraudes pour mieux contrôler l’usage de ces particules et en particulier le dioxyde de titane » ainsi que les « moyens d’informer le consommateur sur ces nanoparticules via notamment l’étiquetage ».
- Le 14 février 2023, dans sa question écrite n°5449, la députée Horizons Agnès Carel a également demandé à savoir « quelles dispositions sont prévues pour mieux contrôler l’usage de ces particules et en particulier le dioxyde de titane et mieux informer le consommateur de leur présence dans les produits qu’ils consomment ».
- Le 21 février 2023, dans sa questions écrite n°5701, le député Renaissance Vincent Ledoux demande au Gouvernement de « bien vouloir lui indiquer ce qu’il compte mettre en œuvre en vue de mieux contrôler la présence de ces nanoparticules dans les produits du quotidien, qui constituent un problème de santé publique préoccupant ».
Quel impact de nos tests ?
Au fils des mois, plusieurs des produits testés ou des nanoparticules identifiées ont été retirés des rayonnages. Nous pouvons nous féliciter de l’impact de nos tests :
- IKEA a retiré ses rideaux GUNRID qui contenaient des nanoparticules de dioxyde de titane
- Aoste propose désormais des jambons sans nitrates qui sont aussi sans nanoparticules de silice
- Nana a commercialisé une nouvelle culotte en coton qui, nous a-t-elle assuré, est sans nanoargent (ni argent)
- Signal a retiré les nanoparticules d’argent de ses brosses à dents (et le dioxyde de titane de ses dentifrices)
- Guigoz certifie que ses laits en poudre et autres produits ne comportent plus de nanoparticules de silice
- L’Oréal a retiré sa poudre « Light for paradise » aux pigments perlescents nano et l’a remplacée par une autre sans dioxyde de titane (ou seulement sous forme de traces, bien moins concentrée donc que celle que nous avions testée)
PS : Le rapport d’enquête est disponible aussi en anglais
La version anglaise de notre rapport est désormais disponible, n’hésitez pas à la diffuser à vos contacts anglophones susceptibles d’être intéressés : Searching for nanos in everyday products.
Elle a été diffusée lors de la conférence organisée par l’ONG européenne ECOS le 15 février 2023, intitulée « Unnoticed and ungoverned: How nanomaterials are slipping through the cracks » (et relayée par One Policy Place – OPP).
Une remarque, une question ? Cette fiche réalisée par AVICENN a vocation à être complétée et mise à jour. N'hésitez pas à apporter votre contribution.
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Les prochains RDV nanos
- Advanced Characterization Techniques in Nanomaterials and Nanotechnology
- 10th European Congress on Advanced Nanotechnology and Nanomaterials
- Website: https://nanomaterialsconference.com
- Formation destinée aux médecins du travail, intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), préventeurs d’entreprise, agents des services prévention des Carsat, Cramif et CGSS, préventeurs institutionnels (Dreets, Dreal, MSA…)
- Organisateur : Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
- Du 6 au 10 octobre 2025
- Site internet : www.inrs.fr/…/formation/…JA1030_2025
Fiche initialement créée en janvier 2022