Nanos – Quel rôle des pouvoirs publics en France ?
Nanos – le rôle des pouvoirs publics en France, perspectives et manquements
Par l’équipe AVICENN – Dernière modification mai 2024
Après le tumultueux débat public national sur les nanotechnologies de 2009-2010, l’Etat français avait formulé fin 2011 plusieurs « engagements » concernant les nanotechnologies et/ou nanomatériaux1Voir le communiqué interministériel présentant les « engagements » de l’Etat sur les suites à apporter au débat, établi le 27 octobre 2011 et communiqué à la CNDP le 13 février 2012.
Outre la mise en place en 2013 de la déclaration obligatoire des substances à l’état nanoparticulaire, alimentant le registre R-nano, des efforts d’évaluation des risques ont été partiellement mis en œuvre et devraient être poursuivis par différents organismes publics ou para-publics. A quel rythme ? Les pouvoirs publics assurent-ils comme il se doit leur rôle de protection des populations et de l’environnement ? Sont-ils suffisamment dotés pour résister aux pressions économiques ? La prévention des risques doit être davantage renforcée !
Les acteurs institutionnels dans le champ des nanos…
Les ministères maîtres d’ouvrage du débat public national sur les nanotechnologies de 2009-2010
Des ministères plus ou moins impliqués sur les enjeux des nanos :
- C’est principalement la direction générale de la prévention des risques (DGPR) qui porte les politiques nano (plus spécifiquement le Bureau des produits chimiques du service des risques sanitaires liés à l’environnement, des déchets et des pollutions diffuses) et publie les bilans r-nano issus de la déclaration obligatoire.
- Sur le terrain, les DREAL réalisent, depuis 2022, des inspections pour vérifier le respect des obligations de déclaration des nanomatériaux dans REACH et dans le registre français r-nano.
- Plus d’infos sur la page dédiée du ministère de la transition écologique : www.ecologie.gouv.fr/nanomateriaux
→ Voir aussi le 4e Plan national santé environnement – Rapport d’avancement 2021-2022, Gouvernement, octobre 2022
- La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) diligente des contrôles sur les nanomatériaux dans les produits cosmétiques et alimentaires (depuis 2017) et dans les textiles (depuis 2021) et procède à des rappels relayés sur le site https://rappel.conso.gouv.fr (et sur les réseaux sociaux @VeilleNanos) :
- Nanomatériaux dans les produits solaires : la DGCCRF agit en vue d’une meilleure application des règles européennes, DGCCRF, 17 novembre 2023
- Mise à jour de la note d’information relative à la définition des nanomatériaux dans les cosmétiques, DGCCRF, 28 février 2023
- Bilan des contrôles 2020-2021 menés par la DGCCRF sur les denrées contenant du E171 sur le marché français (94 avertissements, 29 mesures de police administrative et 9 procès-verbaux pénaux), 28 décembre 2022
- Contrôles 2021 sur les substances réglementées dans les cosmétiques : trop d’anomalies, DGCCRF, 14 décembre 2022
- Note méthodologique relative à l’analyse des nanoparticules et à la caractérisation des nanomatériaux présents dans des produits de consommation, Service commun des laboratoires (SCL), 2 décembre 2022
- Textiles techniques : entre innovation et surenchère, DGCCRF, 3 juin 2022
- Note d’information pour l’application de la définition des nanomatériaux dans le cadre du règlement (CE) n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques, DGCCRF & ANSM, 5 juillet 2021
- Nanomatériaux dans les produits cosmétiques : la DGCCRF fait le point, DGCCRF, 22 février 2021
- Composition des cosmétiques : l’exigence d’une information claire des consommateurs, DGCCRF, 15 octobre 2019
→ Voir aussi le 4e Plan national santé environnement – Rapport d’avancement 2021-2022, Gouvernement, octobre 2022
- La Direction générale des entreprises (DGE) est elle portée sur l’accompagnement des entreprises développant ou utilisant des nanotechnologies.
Aucune information depuis 2021 sur la page dédiée du site du ministère : https://travail-emploi.gouv.fr/…nanomateriaux
Dans le Plan Santé au travail en cours (PST 4 2021/2025), plusieurs actions concernent les nanomatériaux :
- l’action 2.1 prévoit de mieux connaître les expositions et polyexpositions professionnelles aux nanomatériaux et de mener des études toxicologiques sur leurs dangers et mécanismes d’actions en fonction des voies d’exposition (notamment la voie cutanée)
- l’action 10.2 prévoit d’optimiser les dispositifs de veille et de surveillance des risques professionnels (dont EpiNano, programme de suivi épidémiologique de travailleurs exposés aux nanomatériaux, en stand by faute d’entreprises volontaires pour y participer !)
- En décembre 2017, la Stratégie nationale de santé 2018-2022 rendue publique par le Ministère des solidarités et de la santé mentionne expressément les nanomatériaux parmi les « risques émergents » et « nouveaux stresseurs » ; elle préconise d’agir sur les sources de pollution et de limiter notre exposition, « en s’appuyant sur le principe de précaution le cas échéant ».
- La précédente prise de position officielle du Ministère de la Santé sur les nanomatériaux ou nanotechnologies remonte au débat public national de 2009-2010.
→ Voir aussi le 4e Plan national santé environnement – Rapport d’avancement 2021-2022, Gouvernement, octobre 2022
La page dédiés du ministère n’a pas été mise à jour depuis 2016 : https://agriculture.gouv.fr/les-nanotechnologies-dans-lalimentation
Des organismes para-publics qui accompagnent les décideurs publics
- a publié différentes revues bibliographiques et expertises sur l’évaluation des risques liés aux nanomatériaux.
- participe au développement de nouvelles méthodes d’évaluation des risques liés aux nanomatériaux.
- gère les déclarations du registre R-Nano et formule des recommandations pour faire évoluer ce registre
- appuie les pouvoirs publics français concernant la révision de la définition du terme nanomatériau au niveau européen
- finance et contribue à des projets de recherche sur les nanos, en conduisant, notamment le programme national de recherche Environnement-Santé-Travail (PNR-EST)
- anime depuis 2012 un comité de dialogue « Nanomatériaux & santé » afin d’échanger avec les parties prenantes (associations, syndicats, entreprises et fédérations d’industriels) sur les travaux scientifiques en cours, les besoins de recherche, les attentes et les préoccupations de la société civile (cf. l’encart ci-dessous).
→ Voir aussi le 4e Plan national santé environnement – Rapport d’avancement 2021-2022, Gouvernement, octobre 2022
L’Institut LNE-Nanotech bénéficie de plus de 15 années de travail sur la métrologie et la caractérisation des nanomatériaux, réalisé par 7 équipes de recherche complémentaires. L’objectif commun est de développer les moyens de référence nécessaires à l’amélioration de la qualité et de la comparabilité des données de mesure pour accompagner une innovation responsable autour des nanotechnologies.
Le LNE a créé en 2022 le Centre NanoMesureFrance avec France Chimie (lobby de la chimie) et la FEBEA (lobby des cosmétiques) afin de « mieux identifier les nanomatériaux, mieux caractériser leurs propriétés physico-chimiques clés au regard des exigences règlementaires et évaluer les émissions de nano-objets à différentes étapes clés de la vie des produits dans le cadre des analyses de risques à mener ». En mai 2023, NanoMesureFrance compte une trentaine d’adhérents du secteur privé.
Santé publique France assure le pilotage d’EpiNano, programme français de surveillance épidémiologique des travailleurs exposés aux nanomatériaux manufacturés
Page sur le site institutionnel : www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/exposition-a-des-agents-physiques/nanomateriaux
Voir la page institutionnelle www.inrs.fr/risques/nanomateriaux/ce-qu-il-faut-retenir.html
- Evaluation des trois premiers Plan nationaux Santé-Environnement (PNSE 1, 2 et 3), HCSP, mars 200 (rendu public en juin 2022)
- Bilan des connaissances relatives aux effets des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) sur la santé humaine ; caractérisation de l’exposition des populations et mesures de gestion, HCSP, avril 2018 (rendu public en juin 2018)
- Recommandation de vigilance relative à la sécurité des nanoparticules d’argent, HCSP, mars 2010
- La sécurité des travailleurs lors de l’exposition aux nanotubes de carbone, HCSP, janvier 2009
Voir la page https://www.ineris.fr/fr/recherche-appui/focus/nanomateriaux sur le site institutionnel de l’INERIS
- Regulatory assessment of nano-enabled health products in public health interest. Position of the scientific advisory board of the French National Agency for the Safety of Medicines and Health Products, Front. Public Health, 11, Oualikene-Gonin W et al., mars 2023
- Note d’information pour l’application de la définition des nanomatériaux dans le cadre du règlement (CE) n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques, DGCCRF & ANSM, 5 juillet 2021
- Bilan des inspections des produits cosmétiques à l’ANSM, ANSM, Congrès Parfums & Cosmétiques, 4 novembre 2020 : l’ANSM a présenté les résultats de tests qu’elle a fait mener en 2019 sur 12 dentifrices de marques différentes, complétant les analyses menées par la DGCCRF sur 5 autres dentifrices. Malheureusement, ces résultats n’ont pas été rendus publics en dehors des congrès réservés aux marques cosmétiques
- Un rapport de l’ANSM postérieur à 2017 et intitulé « Nanomatériaux dans les médicaments et les dispositifs médicaux« , rédigé à partir de 2017 mais non daté, préconise notamment :
- d’apporter des évolutions à la normalisation et réglementation pour une meilleure identification et évaluation des nanomédicaments et dispositifs médicaux
- d’apporter des modifications du registre R-nano (convergentes avec les demandes portées par les acteurs de la précaution et de la prévention)
- une implication accrue de l’ANSM sur le sujet
- Recommandations relatives à l’évaluation toxicologique des médicaments sous forme nanoparticulaire, Afssaps (devenue ANSM), octobre 2011
- Recommandations relatives à l’utilisation des nanoparticules de dioxyde de titane et
d’oxyde de zinc en tant que filtres ultraviolets dans les produits cosmétiques, Afssaps (devenue ANSM), juin 2011 - Évaluation biologique des dispositifs médicaux contenant des nanomatériaux, Rapport scientifique, Afssaps (devenue ANSM), février 2011
- Le CEA est un organisme public de recherche à caractère scientifique, technique et industriel (EPIC).
- Les activités de sa plateforme Nanosécurité (PNS) visent à accompagner les partenaires du CEA sur les questions de prévention en hygiène, sécurité et environnement liées à la mise en œuvre de nanomatériaux ou à l’émission involontaire de nano-objets. Elle regroupe un ensemble de compétences pluridisciplinaires appliquées à l’ensemble du cycle de vie des nanomatériaux (fabrication, intégration, usage et fin de vie dont recyclage).
- Le laboratoire « Systèmes Moléculaires et nanoMatériaux pour l’Énergie et la Santé » (SyMMES) réunit des compétences pluridisciplinaires (physique, chimie, biochimie, biologie) mobilisées pour des recherches dans les domaines de la nanotoxicologie.
Des engagements pas toujours honorés
Le bilan r-nano
Si la France a été le premier pays à se doter d’un registre des “substances à l’état nanoparticulaire” fabriquées, importées ou mises sur le marché en France, les résultats sont très éloignés de ce qui était envisagé lors du Grenelle de l’environnement. En l’état actuel des choses, ni les consommateurs ni les autorités sanitaires ne sont en capacité d’identifier les objets qui contiennent des nanomatériaux ni les risques qui y sont éventuellement associés. D’autant plus qu’en juin 2022, le bilan 2020 des déclarations des substances importées, fabriquées ou distribuées en France en 2019 n’est toujours pas publié, avec près de deux ans de retard !
Depuis plusieurs années, AVICENN a listé des recommandations concrètes visant notamment à améliorer l’accès et les données du registre r-nano. Fin 2020, l’Anses a à son tour publié un diagnostic sévère et des recommandations fortes pour améliorer le registre r-nano. Reste à voir si, comment et quand ces recommandations seront concrétisées. La balle est désormais dans le camp du Ministère de la transition écologique.
En outre, les pouvoirs publics ont longtemps été démunis pour contrôler la mise en œuvre de la loi. Jusqu’à 2022*, il n’y a pas eu de déploiement de dispositif spécifique pour contrôler la bonne application de la déclaration obligatoire dans r-nano. Fin décembre 2021, une circulaire du ministère de la transition écologique a annoncé des inspections en 2022 pour vérifier le respect des obligations de déclaration des nanomatériaux dans le registre français r-nano (et dans REACH)
Concertation avec la société civile
Espaces de dialogue – portées et limites
- L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a mis en place en 2012 le comité de dialogue « Nanomatériaux et Santé » comme un espace d’échanges et de questionnements visant à nourrir et interroger les travaux scientifiques de l’agence.
- Le comité se réunit de 1 à 2 fois par an, en juin 2022 a eu lieu la 13ème réunion.
- Composition :
– représentants associatifs : Agir pour l’Environnement, AVICENN, le Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS), le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), France Nature Environnement (FNE), Sciences Citoyennes (SC), Générations futures, UFC Que Choisir, l’Union nationale des associations familiales (UNAF), Women in Europe for a Common Future (WECF).
– représentants des industriels ou fédérations d’entreprises : l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), EDF, la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), le MEDEF, le Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV), THALES, l’Union des industries chimiques (UIC), et depuis fin 2014 la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E)
-syndicats de salariés : la CFDT, la CGT - Ce comité est un exemple concret de l’ouverture d’une agence sanitaire nationale à la société civile sur le champ des nanos demandée depuis longtemps par cette dernière et que l’Etat s’était engagé à renforcer, via le groupe de travail interministériel nano (« task-force ») piloté par le Commissariat général au Développement durable dans son communiqué de février 2012.
- Limites :
– Le périmètre de ce comité de dialogue, limité aux effets sanitaires des nanomatériaux, ne recouvre qu’un segment de l’ensemble des enjeux soulevés par les nanotechnologies
– Un dialogue limité par la faible participation des industriels
Des groupes de suivi, composés des parties prenantes, assurent le suivi des actions du PNSE 4 :
- Groupe sur la formation, l’information et la sensibilisation
- Groupe sur la réduction des risques*
- Groupes sur les données et la recherche
- Groupe sur « Une seule santé »
* Ce groupe « RIS » suit en particulier l’action 13 du PNSE 4 dédiée aux nanomatériaux, qui a été abordée lors des réunions du 14 janvier et du 19 mai 2022.
En octobre 2022 a été publié le Rapport d’avancement 2021-2022 du PNSE 4 qui liste les réalisations effectuées dans ce cadre.
Des engagements abandonnés en matière d’information du public et de concertation avec la société civile
Des engagements majeurs en matière d’information du public et de concertation avec la société civile après le débat public national sur les nanotechnologies de 2009-20102Précisions apportées par la secrétaire de la task force nano lors de la deuxième réunion du Comité de dialogue « nano et santé » de l’ANSES en mars 2013 n’ont pas été concrétisés :
- Le site d’information nano.gouv.fr a été abandonné pour cause de « restriction budgétaire ». L’offre d’information des pouvoirs publics sur les nanos est donc aujourd’hui très limitée et, quand elle existe, éparpillée sur les différents portails ministériels ; d’où la volonté d’AVICENN de combler ce manque grâce au site https://veillenanos.fr.
- Quant au dialogue avec la société civile, la « task-force » nano mise en place au niveau gouvernemental était censée étudier en 2013 les modalités de mise en place d’une instance de dialogue la plus efficiente et la plus efficace possible au vu du nombre important de structures susceptibles d’être mobilisées. Mais aucune suite n’a été donnée au niveau national, de façon transversale et pérenne.
→ Face à ce reniement par l’Etat de l’un de ses propres engagements, Sciences Citoyennes avait exprimé son incompréhension en 2013 : des masses budgétaires importantes sont investies dans les nanotechnologies, mais il n’y aurait pas de moyens pour un site internet et un dialogue avec la société civile ?
Positions des autorités publiques et perspectives
Depuis, les autorités françaises sont restées relativement discrètes sur leur stratégie vis-à-vis des nanomatériaux. La publication des bilans officiels r-nano se font systématiquement en retard. Quelques textes font néanmoins état des travaux en cours ou à venir (outre les références publiées dans les encadrés ci-dessus, citons par exemple, du plus récent au plus ancien) :
- Octobre 2022 : le gouvernement publie le Rapport d’avancement 2021-2022 sur les réalisations effectuées dans le cadre du PNSE 4
- Juin 2022 : la DGCCRF communique ses tests sur des textiles techniques au nanoargent
- Juillet 2021 : les autorités françaises ont rédigé une note intitulée « Contribution des autorités françaises à la consultation publique de la Commission européenne sur le projet de révision de la recommandation de l’UE sur la définition du terme « nanomatériau »
- Juillet 2021 : la DGCCRF et l’ANSM publient une note d’information pour l’application de la définition des nanomatériaux relatifs aux produits cosmétiques. Celle-ci rappelle, entre autres, l’absence de fondement juridique du seuil de 50% dans les produits cosmétiques (en insistant sur le manque de pertinence de l’intervention d’un tel seuil) et explicite la notion d’intentionnalité qui figure dans le règlement.
- Juillet 2021, le bilan du 3ème plan santé au travail (PST 3) est publié par le Ministère du Travail, de l’emploi et de la réinsertion.
- 7 mai 2021 : la Commission européenne a publié sa proposition de définition du terme nanomatériau et lancé une consultation en ligne, ouverte jusqu’au 30 juin 2021.
Les autorités françaises accompagnent leur contribution d’une note détaillant leur position et soulignant les insuffisances du contenu même de la définition proposée lors de la consultation.
L’Anses appelle également à une définition plus englobante et met en garde, avec l’adoption d’une définition européenne telle que proposée, contre un recul en termes de protection de la santé et de l’environnement.
- Mai 2021 : le 4ème Plan national santé – environnement PNSE 4 (2020-2024) a été dévoilé par les ministères des Solidarités et de la Santé et de la Transition écologique. Les travaux d’élaboration de ce plan avaient été lancés le 21 mars 2019 pour aboutir, deux ans après, à un plan comprenant une action spécifique à la question des nanomatériaux (action 13) “Mieux gérer les risques sanitaires et environnementaux des nanomatériaux”. Déclinée en 5 volets, cette “action” reprend de nombreuses recommandations de la société civile… encore faut-il que les objectifs soient quantifiés, les moyens d’actions détaillés et les financements garantis, au risque d’en rester à un statu quo peu satisfaisant.
- Février 2021 : La DGCCRF communique sur les résultats édifiants de ses tests de produits cosmétiques en 2019 : nanomatériaux non autorisés, absence d’étiquetage [nano], faible sensibilisation des entreprises incorrectement informées par la Fédération des entreprises de la Beauté (FEBEA), etc.Nanomatériaux dans les produits cosmétiques : la DGCCRF fait le point, DGCCRF, 22 février 2021.
- Octobre 2018 : La France soutient la « déclaration de Berlin sur les nanomatériaux » transmise au Conseil de l’Europe par l’Allemagne, le Lichtenstein, le Luxembourg, l’Autriche et la Suisse le 9 octobre. Figurent notamment parmi les points listés dans la déclaration : la demande d’une définition transversale des nanomatériaux applicables dans les réglementations européennes, d’un besoin de développement de méthodes de détection des nanomatériaux pour la mise en oeuvre des réglementations et de ressources pour les recherches sur l’encadrement des nano, …
- Juin 2018 : Le rapport « Faire gagner la France dans la compétition industrielle mondiale » adoptée par une commission sénatoriale indique que les Programmes d’investissement d’avenir (PIA) ont accordé des financements à certaines grandes entreprises, dont STMicroelectronics pour le financement des projets nano de nouvelles technologies de semi-conducteurs. Par ailleurs, le Grand plan d’investissement (GPI) porté par le Gouvernement vise à mobiliser 57 Md€ au cours du quinquennat pour dynamiser la croissance du pays, dont 4,6 Md€ pour soutenir les efforts d’innovation dans des secteurs « très porteurs » tels que l’intelligence artificielle, le big data, la cybersécurité ou les nanotechnologies.
- Avril 2018 : Le ministre Nicolas Hulot a salué l’adoption par les Etats membres de l’Union européenne de la révision des annexes de Reach qui « met fin à la méconnaissance des dangers des nanomatériaux ». Les « autorités françaises » avaient préparé ce chantier en amont et oeuvré à une révision la plus propice possible à un enregistrement détaillé des nanomatériaux, contestant les premières propositions de la Commission trop peu transparentes.
- Février 2018 : Devant l’intérêt renouvelé pour le sujet nano manifesté par plusieurs ONG, le ministère de la transition écologique et solidaire a proposé, en février 2018, d’organiser un suivi général du sujet nano, sans doute en lien avec le Groupe Santé Environnement du Plan national santé environnement (PNSE), selon des modalités concrètes pour l’organisation des discussions qui restent à préciser.
- Décembre 2017 : La Stratégie nationale de santé 2018-2022 rendue publique par le Ministère des solidarités et de la santé mentionne expressément les nanoparticules comme risques émergents ; sont prévues des actions sur les sources de pollution qu’elles représentent et la limitation de notre exposition. Reste à voir quand et comment… AVICENN plaide pour apporter rapidement des améliorations au registre R-nano, afin que les professionnels de la santé disposent d’un outil opérationnel pour mieux cerner les expositions, afin de les réduire.
- Août 2017 : suite à la lettre ouverte de 8 0NG (dont AVICENN) et au dossier de 60 Millions de consommateurs, le gouvernement a publié un communiqué sur les travaux menés et sur les actions à venir concernant les nanoparticules de dioxyde de titane dans l’alimentation.
- Avril 2016 : La Feuille de route issue de la conférence environnementale 2016 a prévu les actions suivantes concernant les nanomatériaux :
- Étendre le nombre de sites pour lesquels une campagne de suivi des nanos est mise en place, en accompagnant chaque mesure d’une analyse du bruit de fond dans l’environnement → Une plaquette a été réalisée par l’INERIS et l’UIC
- Communiquer aux observatoires des déchets la liste des déclarants dans la base R-nano en veillant au respect des exigences de confidentialité → Un décret n°2017-765 a été signé en ce sens en mai 2017.
- Poursuivre et conclure les travaux du groupe de travail « étiquetage et restriction des produits contenant des nanomatériaux », en examinant notamment l’étiquetage lisible et compréhensible mis en place pour les femmes enceintes sur les boissons alcoolisées ;
- Accélérer l’encadrement de l’usage des nanomatériaux dans les filtres UV des produits cosmétiques dans le cadre de l’application du règlement européen, et notamment l’entrée en vigueur au niveau national des mesures concernant l’emploi du dioxyde de titane sous forme nano
- Sur les aspects santé au travail, le Plan national de Santé au travail 2016-2019 (PST3) a également inscrit à l’agenda l’amélioration des connaissances sur les risques liés aux nanotechnologies, sans que les moyens dédiés à sa mise en oeuvre soient précisés.
- Novembre 2014 : Ségolène Royal et sept autres ministres de l’environnement d’Etats membres européens ont précisé dans un courrier aux nouveaux commissaires Karmenu Velia et Eleieta Bienkowska (respectivement commissaires de l’environnement et du marché intérieur) la priorité qui devait selon eux être accordée à la traçabilité et la sécurité des nanomatériaux.
- Novembre 2014 : La feuille de route de la conférence environnementale 2014 et le PNSE3 fixent les objectifs pour les années 2014-2018, avec une répartition des rôles entre les différents acteurs institutionnels français. A l’issue de la conférence environnementale 2014, il a été officiellement annoncé que la Ministre de l’Ecologie Ségolène Royal proposerait au Conseil Environnement du 17 décembre 2014 à Bruxelles qu’une stratégie d’étiquetage des produits de consommation courante contenant des nanomatériaux et de restriction des produits dangereux en contact avec la peau soit mise en place au niveau européen. Un groupe de travail dédié a effectivement été mis en place au niveau national pour préciser ces propositions en 2015 et 2016.
- Août 2014 : la note des autorités françaises ainsi que leurs réponses aux questions posées par la Commission européenne dans le cadre de sa consultation sur les mesures de transparence concernant les nanomatériaux sur le marché européen
- Novembre 2013 : le bilan officiel de la première année du dispositif de déclaration des « substances à l’état nanoparticulaire » en France fait état des efforts de l’administration pour avoir une meilleure connaissance des nanomatériaux sur le territoire
- Octobre 2013 : la réponse des « autorités françaises » à la consultation que la Commission européenne a organisée pendant l’été 2013 sur REACH et les nanomatériaux comporte dans son préambule des considérations d’ordre général de nature à renseigner sur la position « officielle » de l’Etat français sur les nanomatériaux
A suivre donc…
Une remarque, une question ? Cette fiche réalisée par AVICENN a vocation à être complétée et mise à jour. N'hésitez pas à apporter votre contribution.
Les actualités sur le sujet
Les prochains RDV nanos
- Second Harmonisation & Standardisation of Test Methods for Nanomaterials and Advanced Materials Workshop (Webinar)
- Organizers: Horizon Europe projects iCare, MACRAMÉ and nanoPASS, in collaboration with the Malta Initiative
- Dates : 18 et 19 novembre 2024
- Website: https://macrame-project.eu/macrame-meetings-workshops/#HS-Workshop2
- Module dispensé dans le cadre de la formation « Interactions entre les produits chimiques toxiques et l’organism humain » accessible à toute personne possédant un niveau de formation scientifique de base (niveau licence ou expérience professionnelle).
- Organisateur : Association Toxicologie Chimie (ATC)
- Intervenante : Chantal Fresnay, Ingénieure-Hygiéniste, Thales, Palaiseau
- Site internet : https://www.atctoxicologie.fr/notre-formation.html
- Sensibilisation destinée aux personnels au contact de nanomatériaux en phase de recherche, formulation, production, maintenance, nettoyage, entretien… ainsi qu’aux animateurs ou ingénieurs de sécurité, chefs d’installation, chefs de laboratoires où sont manipulées des nanoparticules.
- Organisateur : INSTN Grenoble (CEA)
- Au programme : impact potentiel sur la santé ; métrologie et protections ; maîtrise des risques potentiels liés aux nanomatériaux ; prise en compte des aspects sociétaux
- Site internet : https://instn.cea.fr/formation/maitrise-des-risques-lies-aux-nanomateriaux-sensibilisation
Cette fiche a été initialement créée en janvier 2012
Notes and references
- 1Voir le communiqué interministériel présentant les « engagements » de l’Etat sur les suites à apporter au débat, établi le 27 octobre 2011 et communiqué à la CNDP le 13 février 2012
- 2Précisions apportées par la secrétaire de la task force nano lors de la deuxième réunion du Comité de dialogue « nano et santé » de l’ANSES en mars 2013